Voilà, le mondial de football est terminé; «Enfin!», selon certain-e-s, «Déjà!» selon dautres. Sous nos latitudes, le parcours de léquipe nationale helvétique a engendré un engouement sans précédent. Et comme souvent, on a usé et abusé du verbe pour décrire de la manière la plus fleurie la «Nati». Ainsi, tous les médias de ce pays, souvent en relayant les propos de politiciens de tous bords ou de personnalités plus ou moins en vue, ont fait lapologie de cette Suisse «multikulti» qui gagne. Une Suisse ouverte, où chacun-e trouve sa place, où lintégration est un maître-mot, où les cultures les plus diverses collaborent main dans la main pour atteindre un même but. Le tableau est certes magnifique, mais il sagit plutôt dun trompeloeil que dune fresque… Car derrière les Djourou, Yakin, Behrami, il y a aussi Monsieur et Madame presque tout le monde. «Presque», car vivant dans des conditions socio-économiques désastreuses. «Presque», car menacé-e-s dexpulsion. «Presque», car eux nont pas la possibilité de travailler, et il ne sagit pas que dapprentis footballeurs Donc, à quelques mois de la votation sur la LEtr et la LAsi, où le peuple devra sexprimer sur des mesures quil est euphémique de juger scandaleuses, il nest peut-être pas inutile de repenser un instant à ce que vécut en 1998 la France, après la victoire en coupe du monde des Zidane, Karembeu, Djorkaeff, Thuram La France dite «Black-Blanc-Beur», phénomène social salué de manière quasi unanime par lopinion publique française, censée représenter le modèle idéal de la démocratie égalitaire, qui promeut lintégration de ses immigrés. Nous savons tou-te-s ce quil advint lors des présidentielles, quatre ans plus tard seulement, avec la présence de Le Pen au 2e tour. Attendons donc le 24 septembre avant de nous enflammer.