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(Ir)Responsabilité (anti-)Sociale des Entreprises

La recherche du profit comme unique but pour les entreprises les amène souvent à prendre des décisions scandaleuses sur le plan éthique, humain ou écologique. Les entreprises peuvent-elles devenir socialement responsables?

S’il n’existait aucune pression sur les top managers autre que celle de maximiser le bénéfice de leurs entreprises au profit des actionnaires, nul doute que la misère humaine serait encore plus grande. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les politiques des multinationales en matière de travail des enfants ou de protection de l’environnement avant que l’opinion publique occidentale ne se mêle des conditions de vie de ceux qui fabriquent leurs vêtements ou ballons de foot.

Comment, dans la société contemporaine, est-il possible d’imposer un cadre légal – social, écologique – que les entreprises doivent respecter?

La politesse des rois

La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est un concept qui peut être défini de plusieurs façons. La vision des multinationales et de certaines organisations internationales consiste à dire que les entreprises sont finalement dirigées par des êtres humains, qui ont eux aussi leur sens éthique. Ces dirigeants éclairés pourront, ensemble et de leur propre chef, mener des politiques socialement  et écologiquement responsables. Cette définition part du constat fataliste que le pouvoir glisse inexorablement vers les entreprises, les Etats perdant de plus en plus leurs prérogatives dans un monde globalisé. Selon les multinationales, qui ont maintenant presque toutes une politique «éthique» même pour les industries du tabac ou du pétrole, notre monde sera sauvé par la bonne volonté des dirigeants et par des initiatives communes sous contrôle privé et financier.

Les concessions des princes

Les entreprises vont-elles d’elles-mêmes se comporter de façon socialement responsable? Malgré l’émergence de l’éthique dans les entreprises, les actions n’ont comme valeur que leur rentabilité. La bienveillance en soi n’augmente par le cours boursier, mais la RSE peut aussi être vue comme une adaptation de l’entreprise aux préoccupations de la population, sous l’effet d’une pression extérieure. De nombreuses ONG ont donc œuvré pour sensibiliser les consommateurs, les instances internationales ou nationales et les citoyens aux malheurs causés par le capitalisme sauvage. L’impopularité des politiques d’entreprises dénuées d’éthique a rendu la responsabilité sociale de celles-ci rentable. La «bonne image» sociale et écologique des entreprises est devenue un instrument de marketing. La RSE peut donc être vue comme une pression des consommateurs sur les entreprises, par exemple par le biais d’ONG, qui les forcent à adopter des conditions de travail plus justes. Le défaut reste que l’important dans ce domaine sera toujours les apparences: une entreprise pourra faire semblant de mener une politique altruiste plutôt que d’agir réellement: cela est moins cher.

Le pouvoir aux peuples

Finalement, la RSE ne doit-elle pas plutôt être imposée par la société et les citoyens? Au lieu de maximiser les profits des entreprises en essayant au passage de ne pas faire trop de dégâts visibles, la politique devrait être de maximiser le bien-être de la population et de notre planète en adoptant des normes contraignantes au niveau international qui priment sur la recherche du profit.

Le concept de la RSE, tel que pratiqué aujourd’hui demeure un véritable hold-up contre la démocratie: on essaie d’enlever à la population le droit de décider de son avenir, en faisant confiance aux plus puissantes organisations privées multinationales: les très grandes entreprises. Dans ce contexte, où ces entreprises prennent quotidiennement le pouvoir aux citoyens, les défis de la gauche sont nombreux et ardus: Il faudra savoir ramener les débats de société au niveau des organisations internationales, dont le caractère démocratique doit être renforcé, au lieu de laisser notre monde en proie à la destruction par les intérêts de minorités qui n’atténueront leurs dégâts que de façon minime lorsqu’elles y sont forcées.

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