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Discussion : Qu’est-ce qu’une ville de gauche ?

Pour faire suite au dossier de notre dernier numéro consacré aux villes de gauche, nous avions convié les contributrices·eurs à une discussion le 22 février à Renens, dans un lieu emblématique puisqu’il s’agissait de la Ferme des Tilleuls. Ancienne propriété des CFF vouée à la démolition, celle-ci a été rachetée par la ville de Renens puis transformée pour en faire un lieu d’art et de culture. Désormais gérée par une fondation, elle accueille des artistes de tous horizons, et offre également un lieu de rencontre pour la vie associative locale. Dans le dossier de Pages de gauche, les différents articles avaient indiqué l’importance des villes pour la gauche en Suisse, et cette discussion à Renens l’a encore une fois démontré.

Nous avions donc convié Tinetta Maystre (Renens), Cédric Dupraz (Le Locle), Éric Moser (Bienne) et Carole-Anne Kast (Onex) pour en parler. La discussion a été ouverte par Anne Holenweg, coprésidente du comité de Pages de gauche, qui a rappelé qu’à de rares exceptions près, en Suisse, plus les villes sont grandes, plus elles sont à gauche.

Solidarité et coordination

Par-delà les différences cantonales importantes quant aux compétences et aux marges de manoeuvre des communes, nous avons pu tirer plusieurs enseignements de cette soirée. Le premier, c’est qu’il y a bien une différence entre gauche et droite au niveau communal, y compris dans des petites villes. Celle-ci a été excellemment résumée par Carole-Anne Kast (conseillère administrative d’Onex, dans le canton de Genève) : une commune de droite fait ce qu’on lui demande de faire et s’arrête là, alors qu’une commune de gauche cherche constamment à aller au-delà du minimum, et notamment pour pallier les insuffisances des politiques cantonales. Le second enseignement, que tou·te·s les intervenant·e·s ont souligné, concerne la coordination entre villes de gauche en Suisse. Malgré les différences entre cantons, des échanges sont nécessaires, et des solidarités aussi. Il semble que la manière la plus efficace d’y parvenir soit de réaliser ces échanges au sein des partis, quitte lorsque cela s’avère nécessaire à étendre ces discussions à des échanges de toutes les formations de gauche, comme nous l’avons fait à Renens le 22 février. Prolongeant cette réflexion, Cédric Dupraz a aussi relevé les dangers d’une concurrence entre les villes suisses, en prenant l’exemple du départ prochain d’une usine horlogère du Locle à Bienne. En d’autres termes, il faut se demander s’il est possible de remplacer la concurrence par l’entraide et la coopération, pour reprendre un thème emprunté à un ancien visiteur du Locle et de la région environnante, Pierre Kropotkine ! On ne répétera jamais assez que les villes sont le seul niveau, pour le moment, où des majorités de gauche robustes sont envisageables en Suisse. Il faut donc les investir et y réaliser tout ce qui est possible. Et soyons patient·e·s et optimistes, un jour, ce sera le tour des cantons également ! Qui aurait songé il y a trente ans que la quasi-totalité des grandes villes de Suisse serait gouvernée par la gauche en 2019 ?

La rédaction

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