« Bienvenue chez CFF Cargo, le numéro un du trafic marchandises sur rail en Suisse et un des leaders en Europe sur l'axe Nord-Sud. »
La crise qui secoue CFF Cargo semble être d'ordre politique et stratégique. D'une part le Conseil fédéral et le Parlement ont établi un cadre législatif opposé à l'amélioration des conditions de travail et du service de CFF Cargo (mais favorable à la privatisation et aux intérêts privés). La réaction « désolée » de Moritz Leuenberger et du Conseil fédéral à l'annonce des CFF (une entreprise encore publique) est confondante de naïveté.
D'autre part, sans dédouaner les responsables politiques, il semblerait, aussi que la gestion de l'entreprise de CFF Cargo ait été malheureuse.
Ainsi les dernières « news » publiées par CFF Cargo sur son site Internet révèlent l'étendue de la crise et racontent l'issue dramatique. Dans l'ordre :
25.01.08
« Paul Haener, [responsable] de l'atelier industriel de CFF Cargo à Bellinzone, quitte immédiatement l'entreprise. Cette décision est motivée par des divergences d'opinion au sujet de la gestion de l'atelier industriel. […] Au cours des dernières années, en appliquant la méthode Kaizen, Haener a grandement augmenté l'efficacité de l'atelier industriel et a lancé un processus d'amélioration continu dans tout l'atelier. »
30.01.08
« Les transports de betteraves à sucre en hausse de 10%. […] CFF Cargo a transporté en trois mois plus de 860 000 tonnes de betteraves à sucre. […] "La clé du succès réside dans une collaboration intensive et précoce avec toutes les parties prenantes" ».
07.03.08
« Les CFF décident d'un paquet d'économies de plus de 70 millions de francs […]. Dans l'ensemble, 401 postes seront supprimés chez CFF Cargo […] 300 postes seront supprimés dans l'overhead. […] L'entretien des wagons marchandises à Bellinzone devrait à l'avenir être développé en partenariat avec une entreprise privée et leur volume sensiblement augmenté. »
Donc, si on résume, grâce à l'application de la méthode Kaizen, et l'augmentation de la productivité, permise en partie par la collaboration de toutes les parties (cf. « clé du succès »), les CFF ont supprimé plus de 400 emplois (dont 300 dans « l'overhead »). Circulez, tout est dit !
Face à ce triste constat, il est à souligner la mobilisation des travailleurs, des syndicats et de la population. Ici, il n'est point besoin de savoir ce qu'est le « Kaizen » pour manifester sa solidarité.
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