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USA : l’heure de vérité approche pour les syndicats

Le « Employee Free Choice Act » va faire parler de lui. Le nom est peut-être un peu obscur, mais si cette législation passe la rampe du législatif américain, les relations de travail aux Etats-Unis pourraient être changées durablement en faveur des syndicats. Avec l’arrivée au pouvoir du président Obama, accompagné d’une solide majorité démocrate à la Chambre et au Sénat, le mouvement syndical américain pourrait connaître prochainement une avancée majeure.

Aujourd’hui, il reste très difficile d’implanter un syndicat dans une entreprise américaine. Les patrons ont réussi à imposer une législation qui demande que la majorité des travailleur/se-s d’une entreprise se prononcent en faveur du syndicat au cours d’un vote à bulletin secret avant que ce dernier ne puisse intervenir dans l’entreprise. Le problème de cette procédure est que dans les deux mois précédents la tenue du vote, les entreprises licencient les leaders potentiels et organisent une intense propagande anti-syndicale ainsi que des menaces sur les emplois. Ainsi des firmes aussi grandes que Wal-Mart (la première chaîne de supermarchés aux USA qui comporte 1,4 million d’employé-e-s) ne connaissent pas de syndicats.

Soutien démocrate
 A l’inverse, le « Employee Free Choice Act », soutenu par Obama au cours de sa campagne, permettrait aux syndicats de faire signer des cartes d’adhésion aux travailleurs individuellement, sans passer par un vote à bulletin secret. Ainsi les syndicats pourraient obtenir une majorité de membres avant que les patrons ne puissent réagir. Cette législation est décrite comme la plus importante des 70 dernières années pour le mouvement syndical américain.

Plusieurs nouveaux élus démocrates au Congrès sont proches du mouvement syndical et ont fait campagne sur cette question. Ainsi Eric Massa , nouveau député de New York souligne que « le mouvement ouvrier américain représente la seule force encore active qui puisse diriger notre pays vers un commerce équitable et non vers un libre-échange destructeur. (…) Je rejette les propos scandaleusement faux qui prétendent que des salaires décents, la sécurité des retraites, l’accès à des soins à prix abordables, et que la sécurité et la dignité au travail seraient « anti-américain ». (…) Nous devons améliorer la vie de tous les travailleurs américains et le « Employee Free Choice Act » va nous aider à le faire ».

Attaques patronales
On comprend que la droite et le patronat craignent cette mesure. Mark McKinnon, un lobbyiste de droite a déclaré qu’il s’agissait « de la plus importante refonte de la législation sur le travail depuis les années 1930 » et que c’était un « cauchemar ainsi qu’un désastre politique ». Les grandes entreprises ont donc commencé à investir des millions dans des campagnes de lobbying, des campagnes de presse et d’organisations anti-syndicales. Déjà durant la campagne électorale ces groupes ont dépensé plus de 30 millions de dollars en publicité télévisée dans quelques Etats afin de barrer la route aux candidats démocrates favorables à cette législation. Et des centaines d’associations patronales ont fondé et financent des institutions qui se dévouent à la propagande anti-syndicale, espérant faire flancher les parlementaires démocrates les plus à droite. Cette législation constitue donc le premier test qui révèlera la capacité de la majorité démocrate à faire passer une politique plus favorables aux travailleur/se-s.

A lire: un article du New York Times
le site web du syndicat AFL-CIO  

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