Editorial du n°75 de Pages de gauche, février 2009
Cette année, les mots clefs à Davos étaient «valeurs», «éthique», «long terme». Le message à faire passer était que les global leaders – chef-fe-s d’entreprises, personnel politique, conseiller•ère•s fédéral•e•s en goguette – étaient conscients de la crise et savaient comment y faire face. Ou s’ils ne le savaient pas encore, des réunions comme celle de Davos, devaient les aider à trouver des solutions efficaces.
Comme nous le savons, les global leaders apprécient de débattre entre eux ou avec des rock stars. Ils sont très ouverts: tous ceux qui ont le même avis sont les bienvenus! De plus, s’il y avait quelque chose à remettre en question, ce n’est pas le capitalisme lui-même, mais ses excès. Ou plutôt le système est intrinsèquement formidable, bienveillant, producteur de justice et de richesse, mais les hommes qui le composent sont eux parfois tentés d’en abuser, d’aller trop loin.
Par conséquent, il s’agirait de recentrer le débat sur les vraies «valeurs» et de reconnaître que, en effet, ces dernières années, la machine capitaliste s’était emballée et «qu’on était allé trop loin». Mea culpa, on efface tout et on recommence. En guise de «remède» et de nouvelles valeurs, beaucoup parlent de la nécessité de revenir à un capitalisme d’avant la folie spéculatrice, une sorte de capitalisme doré où tout allait bien – genre capitalisme de papa, un capitalisme protecteur et apprécié par tous. L’«éthique» d’ailleurs nous le commanderait.
Sans surprise, les global leaders ont l’éthique sélective; s’ils menaient une véritable réflexion sur les fins, ils sauraient que rien ne justifie le maintien et l’expansion d’un système économique capitaliste. Ils sauraient que le capitalisme produit et se nourrit des inégalités, qu’il se fonde sur la domination et l’exploitation, et que ses contradictions détruisent tant les hommes et les femmes que leur environnement. Changeons!