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Le socialisme sera écologique ou ne sera pas…

Le socialisme n’est pas nécessairement un système industriel productiviste. Quelques rappels sur les liens entre écologie et socialisme.

Paul Lafargue est un socialiste français, gendre de Karl Marx, qui écrivit en 1880 «Le droit à la paresse» dans lequel il tournait en ridicule la morale bourgeoise qui évoquait sans cesse la nécessité du travail… pour les ouvriers. Il proposait que le prolétaire «se contraigne à ne travailler que trois heures par jour, à fainéanter et bombancer le reste de la journée et de la nuit»! Si ce texte peut prêter à rire aujourd’hui, l’objectif des socialistes révolutionnaires du XIXème siècle était clair: libérer les travailleur/se-s de la contrainte, les émanciper du travail, afin d’arriver à une société authentiquement humaine, au-delà de l’exploitation capitaliste.

Contestations

Après la deuxième guerre mondiale, il se met en place, dans les pays occidentaux un «compromis keynésien» à la base du «réformisme de croissance». Dans ce contexte, au tournant des années 1970 se cristallise une double révolte: d’un côté, contre la structuration hiérarchique des rapports de travail; c’est l’affirmation de l’auto-gestion, de la participation, de la volonté de démocratiser les rapports de production. De l’autre côté, la spirale infernale production-consommation est, elle aussi, remise en cause, à la fois comme un élément participant de l’aliénation (Herbert Marcuse dénonçait les «faux besoins» produit par la société industrielle, dont la satisfaction justifie l’enchaînement au travail), et pour son atteinte de plus en plus visible à l’environnement (pollution, destruction de la nature, du cadre de vie, de la santé, etc).

Cette double critique naît au sein des «nouveaux» mouvements sociaux (luttes urbaines, écologistes etc.), des partis de gauche, des syndicats, et chez des théoriciens pour la plupart marxistes. C’est elle qu’une partie des écologistes contemporains s’approprie désormais sous le terme de «décroissance» (auquel nous préférons «convivialité» emprunté à Ivan Illich). Toutefois, plutôt que de mettre au cœur la critique de l’exploitation du travail, la décroissance met en avant l’exploitation de la nature (et les limites «physiques» de l’expansion capitaliste).

Une critique inachevée

Le terme même de «décroissance» porte à confusion: il ne s’agit pas de faire décroître le PIB dans une société restée inchangée, ce qui se ferait au détriment des travailleur/se-s. La construction d’une société «conviviale» suppose en fait la gestion responsable de l’environnement et de la biosphère, la sortie de la logique du profit et de la valeur, et la démocratisation de l’économie. Dans ce projet, on retrouve la vieille aspiration socialiste à l’émancipation du travail et des besoins. Il n’y a pas en définitive d’opposition entre satisfaction des besoins réels et convivialité, ni entre écologie et socialisme.

 

 

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