0

Le retour des riches

Partout dans le monde, la concentration des richesses ne cesse de s’accentuer. C’est un fait avéré. De nombreuses publications confirment cette tendance. En 2007, selon le dernier rapport World Wealth Report de Merill Lynch et Cap Gemini qui sert de référence en la matière, le nombre de millionnaires en dollars US (sans les biens immobiliers) avait atteint 10,1 millions de personnes contre 5,2 millions dix ans plus tôt. Leur fortune totale atteignait 40 700 milliards de dollars contre 19 100 milliards en 1997: une progression de 100% en dix ans! En Suisse également, ces quinze dernières années ont correspondu à une forte augmentation de la fortune des plus riches .

Un retournement de tendance

Dans la longue durée, la phase de croissance économique de l’après-guerre, ce qu’on a appelé les «trente glorieuses», s’était combinée avec une certaine atténuation des inégalités sociales en matière de revenus et de fortune. Une nette rupture se dessine à partir des années 1980. Les revenus et la fortune des plus riches de la société commencent à progresser de manière beaucoup plus rapide que la moyenne des salariés, accroissant ainsi fortement les inégalités sociales. Cet te augmentation des disparités entre les richesses s’explique par l’avènement d’un capitalisme financier globalisé depuis l’effondrement des régimes communistes d’Europe de l’Est à la fin des années 1980 et des réformes libérales mises en œuvre dans l’ensemble des pays industrialisés.

Les grosses fortunes ont su tirer profit de cette nouvelle phase de développement du capitalisme. Elles ont très largement bénéficié de la financiarisation de l’économie et fait fructifier le placement de leurs capitaux. D’autre part, les rémunérations des dirigeants des grandes entreprises ont connu une explosion sans précédent. Ce phénomène est universel et touche tous les pays. On assiste d’ailleurs, avec l’accélération de la mondialisation des échanges économiques, à la consolidation de la formation d’une «grande bourgeoisie», de plus en plus transnationale, et non plus cantonnée à l’intérieur des frontières nationales. Elle peut se déplacer sur l’ensemble de la planète (en fonction des opportunités fiscales) et se coordonner à l’échelon international: ses réseaux d’influence et ses connexions avec les lieux de pouvoir, nationaux ou internationaux, sont multiples.

Un phénomène de société

Au-delà des constats chiffrés et des articles de la «presse people» qui célèbrent les destins et modes de vie de ces grosses fortunes, cette évolution soulève de nombreuses questions et doit interpeller la gauche.

Quelle est la composition sociale de ces grosses fortunes? S’agit-il de «nouveaux riches» ayant profité de l’essor des marchés financiers ou de vieilles fortunes «rentières» qui ont réussi à bien faire fructifier leurs avoirs sur les marchés financiers? Quel est le pouvoir et l’influence des plus riches sur les médias, sur la politique et sur la société en général? Ce petit groupe de grosses fortunes ne fait-il que se reproduire en vase clos ou l’image du «self made man», tant vantée dans les médias, correspond-t-elle à une certaine réalité? La justice sociale et le fonctionnement démocratique de nos sociétés sont-ils remis en cause?
Sur ce dernier point, on pourrait s’attendre à ce que, face à l’explosion des revenus des plus riches, des mesures soient prises pour renforcer la solidarité, notamment en augmentant la fiscalité sur les grosses fortunes qui explosent. Or, c’est exactement le contraire qui se produit. En raison principalement de la mobilité des plus riches de la planète et du chantage qu’ils peuvent exercer sur les autorités politiques nationales (quand celles-ci ne sont pas consentantes), les réformes fiscales vont toutes dans le sens d’un allégement supplémentaire des impôts sur ces personnes fortunées.

Vous trouvez dans ce dossier quelques éléments d’analyse et de propositions…

webmaster@pagesdegauche.ch

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *