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Hautes écoles à la sauce fédérale: Enjeux de gouvernance

En Suisse, le domaine de la formation supérieure – dite «tertiaire» – comprend les hautes écoles spécialisées (HES), les hautes écoles universitaires (HEU), les hautes écoles pédagogiques (HEP) et les deux écoles polytechniques féderales (EPF). Chaque type de haute école est soumise à des autorités administratives et politiques de niveau et de domaine différents. Ainsi les EPF dépendent de l’autorité fédérale et du département de l’Intérieur en particulier, tandis que les HES sont sous l’égide du département de l’économie, mais avec une organisation intercantonale importante. Les HEU sont, elles, sous la responsabilité principale des cantons, même si elles doivent respecter des accords intercantonaux et des directives fédérales, de même que des accords internationaux, comme la Déclaration de Bologne.
Accords de Bologne
Dans cette jungle des compétences spécifiques, il devient difficile de constituer des fronts efficaces de lutte et de contestation. Et la maxime «Diviser pour mieux régner» trouve dans ce complexe puzzle une signification un peu particulière. Néanmoins les étudiant•e•s de toutes les hautes écoles tentent de se faire entendre comme ils et elles le peuvent, dans le fonctionnement interne des institutions ainsi que comme acteurs et actrices à part entière d’un système qui les oublie souvent. Et il est à relever que le corps étudiant est pratiquement aujourd’hui complètement réuni sont la bannière de l’Union des Etudiant•e•s de Suisse (UNES), des EPF aux HES, en passant par les HEP et les HEU. Mais la CUS et la CRUS, de même que la CEPF et CSHES, la CDIP et le DFI, et d’autres encore veillent au grain…

Vous avez dit «harmonisation»?

Les demandes de clarifier et harmoniser les modes de gouvernance et de gestion des hautes écoles prennent un sens très différent selon les sources. Les partisans de la privatisation de la formation supérieure imagine un moyen de «rationaliser l’offre» en donnant un plus grand pouvoir aux milieux politiques face à ces chercheur-e-s «déconnectés» (des marchés financiers, on entend bien…). Pour d’autres, il s’agit de donner de la transparence à un système de reproduction des élites opaque et mandarinal. Les mêmes termes se voient utilisés pour harmoniser les produits du marché de l’éducation supérieure, et du même coup pouvoir les mettre en concurrence, ou pour harmoniser les conditions d’accès et d’études dans la perspective d’une meilleure égalité des chances. Ainsi tout le monde s’écrie en chœur: «Harmonisons!» mais le nouveau paysage de la formation tertiaire présente à ce jour autant d’aspérités que le précédent, et les personnes défendant un service public de formation et de recherche de qualité permettant la création autonome de savoirs se heurtent à des écueils de plus en plus rudes.

Nous vous proposons un passage en revue de quelques uns des changements majeurs en cours ou en place. Le processus de Bologne notamment a engendré une série de réformes en cascade, sans qu’elles aient nécessairement un lien et surtout sans qu’elles aboutissent souvent aux objectifs fixés. Devoir repenser tous les cursus sous le modèle bachelor en trois ans et master en deux ans maximum n’a par exemple pas été une mince affaire. Ils ne sont d’ailleurs pas encore tous en place. Et l’objectif avoué d’harmoniser en vue d’une mobilité facilitée se voit souvent fort compromis, soit par un manque évident de réelle harmonisation des contenus d’études, soit au contraire par une volonté de proposer quelque chose «qui ne se fait pas ailleurs», une «exclusivité» sur le marché de la formation. Bienvenue dans le monde magique et (dés)enchanté de la formation supérieure sauce fédérale!

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