Higor Carvalho •
Ce dimanche, le Brésil va choisir son prochain président. L’actuel président d’extrême droite Jair Bolsonaro, malgré sa gestion désastreuse de la pandémie de Covid, a des chances de l’emporter. Éclairage sur les enjeux de cette élection.
Déjà quatre ans avec Bolsonaro
Il y a quatre ans, lorsque le candidat Jair Bolsonaro s’est retrouvé au second tour des élections présidentielles au Brésil face à Fernando Haddad du Parti des travailleurs (PT), j’ai convenu avec mon compagnon que nous voterions chacun dans notre circonscription électorale et que nous rentrerions directement chez nous, où nous attendrions ensemble l’annonce des résultats en toute sécurité. Il a fallu beaucoup de prudence cette année-là, c’était une situation que nous n’avions jamais vécue.
Pendant la période électorale, le climat de tension politique avait contaminé la population brésilienne à un tel point qu’il était impossible de sortir dans la rue sans avoir subi ou été témoin d’au moins une attaque par un·e inconnu·e. Mon partenaire et moi avons notamment reçu des menaces de mort, pour le simple fait que nous sommes homosexuels et que nous nous exposons comme tels main dans la main dans la rue. J’ai relaté une de ces situations pour le journal Le Monde. Cette même année, un de nos voisins, lui aussi homosexuel, a été abattu dans notre rue au centre-ville de São Paulo, à quelques mètres de chez nous. Le discours du candidat Bolsonaro avait créé un environnement social dans lequel il était devenu possible pour n’importe qui de révéler ses préjugés et de commettre des attaques, présentées alors comme l’expression d’une forme de « liberté », en l’occurrence d’expression. Son programme politique, qu’il prétend fonder sur la « liberté », est marqué par la haine et c’est par la haine qu’il entendait gouverner. En regardant les résultats des élections du premier tour de 2022, il apparaît que ce discours construit par la haine continue de faire écho aux souhaits d’une grande partie de la population, plus de 50 millions de personnes pour être précis. Cela nous a surpris et choqués.
Persécutions diverses et échecs
Il est impossible de faire une analyse des résultats du premier tour des élections présidentielles du dimanche 2 octobre sans parler de deux questions. La première est celle des droits fondamentaux. Ce ne sont pas seulement les personnes LGBTQ qui se sont senties (et se sentent) menacées, j’ai simplement choisi de commencer ce texte en décrivant la situation qui m’est propre. Ami·e·s noir·e·s, femmes, écologistes, militant·e·s, enseignant·e·s et tou·te·s celles et ceux qui voulaient pouvoir sortir de la maison en portant du rouge (la couleur du PT)se sont sentis et se sentent encore en danger. Particulièrement connoté dans l’inconscient collectif, le rouge est tacitement interdit au Brésil depuis le coup d’État contre la présidente Dilma Rousseff de 2016. De nombreuses·eux indigènes d’Amazonie racontent qu’au long de ces quatre ans, leurs terres juridiquement protégées ont été envahies par des hommes liés à l’exploration minière illégale ou bien à l’agrobusiness qui se « justifiaient » en faisant référence aux discours de Bolsonaro.
La deuxième question concerne les nombreux échecs du gouvernement Bolsonaro. Au cours des quatre dernières années, le Brésil est réapparu sur la carte de la faim dans le monde de l’ONU, les inégalités sociales ont fortement augmenté, les investissements dans les politiques sociales ont été gelés. Le gouvernement a agi par le biais de polémiques et d’agressions. Alors que l’attention du public était tournée sur les discours et les actions anticonstitutionnelles et contraires à l’éthique du président ou de ses ministres, le gouvernement mettait en place un vaste programme de dérégulations.
Il n’est pas étonnant que le ministre de l’Environnement de l’époque ait défendu la logique du « faire passer le troupeau »[1] tandis que l’attention du public était focalisée sur le Covid-19. C’est l’une des explications qui nous permettent de comprendre les effets indirects de la pandémie au Brésil : la crise sanitaire a été l’occasion d’avancer dans le démantèlement de l’État et d’ouvrir de nouveaux fronts de corruption. Un exemple criant est celui de la mafia des vaccins — le gouvernement a négocié l’achat de vaccins en Inde en garantissant le détournement d’un dollar pour chacune des 20 millions de doses qui seraient achetées. Alors que le président a choqué l’opinion publique avec ses répliques, comme « je ne suis pas un fossoyeur » en réponse au nombre de mort·e·s causé par la Covid-19, et ses imitations moqueuses de personnes souffrant d’essoufflement dans les hôpitaux, le Brésil a enregistré près de 700’000 décès confirmés dus au Covid-19 (le nombre réel étant sans doute beaucoup plus important). Le gouvernement a attaqué sur plusieurs fronts : accaparer les terres indigènes en Amazonie, établir un budget secret (un dispositif dans lequel les investissements de l’État étaient définis par les député·e·s fédérales·aux soutenant le gouvernement), entraver les politiques d’isolement social mises en place par les gouvernements locaux. Le tout a transformé le Brésil en un véritable cas de nécropolitique, pour reprendre le concept d’Achille Mbembe, avec son instrumentalisation de la mort à des fins politiques (plus d’informations ici). On pourrait encore parler de l’arrêt des politiques du logement, du risque de fermeture des universités publiques faute d’investissements dans l’enseignement et la recherche, de la suspension des directives anti-discrimination positive pour le genre, la race et les diversités, etc.
Dimanche 2 octobre 2022
Il ne devrait pas être difficile d’imaginer ce que représente la possibilité d’élire Lula en 2022 pour un·e Brésilien·ne de gauche. Le choc de voir que plus de 50 millions de Brésilien·ne·s ont légitimé le bolsonarisme reste surréaliste et difficilement imaginable. Comment est-ce possible ?
Dans les lignes qui suivent, je vais essayer d’apporter quelques éléments pour répondre aux questions que nous nous posons constamment, à l’intérieur et à l’extérieur du Brésil. Comment en sommes-nous arrivés là ? Qui soutient le bolsonarisme ? Que représentent les résultats des élections de 2022 au premier tour ? Que peut-on attendre d’un gouvernement Lula-Alckmin à partir de 2023 ? Que représenterait un nouveau mandat de Bolsonaro à la présidence ? Quel est le résultat de la réorganisation des forces progressistes dans le pays et comment se sont-elles exprimées dans les urnes ? Enfin, je tenterai de contextualiser cette réflexion à l’échelle internationale et tâcherai de penser aux possibles moyens de réorienter la lutte qui est la nôtre.
Comment en est-on arrivé là ?
Il est impossible d’expliquer le retour en arrière politique qui a eu lieu au Brésil ces dernières années sans mentionner les manifestations de juin 2013. Les « June Journeys », initiés à São Paulo par de jeunes militant·e·s de gauche contre l’augmentation des tarifs des bus, ont rapidement pris une ampleur nationale, avec des expressions de revendications locales. Elles ont peut-être été inspirées par le souffle des manifestations qui se sont déroulées à l’échelle mondiale, comme le Printemps arabe (2010-2012) et par un mécontentement général envers la classe politique. Dans le cas brésilien, les manifestations demandant la gratuité des transports publics ont rapidement rassemblé des personnes de différentes tendances politiques. Je me souviens de l’étrange sensation ressentie après avoir remarqué une montée de la présence des conservatrices·eurs dans ces manifestations, y compris de celles et ceux qui demandaient le retour de la dictature militaire ou l’impeachment de la présidente du pays, Dilma Rousseff. Je crois que les principaux groupes de médias du pays, historiquement dirigés par les élites, ont joué un rôle majeur pour dépeindre les manifestations comme étant presque exclusivement contre Dilma Rousseff, qui était très bien perçue par la population jusqu’à ce moment-là. En raison du travail actif d’instrumentalisation des manifestations par les médias conservateurs aidés par les forces politiques et économiques de droite, celles-ci ont été définies comme essentiellement composées d’anti-partis et anti-politiques désirant faire tomber le gouvernement.
La haine contre la politique couvait au moins depuis 2005. Cette année-là, des pratiques de corruption qui étaient déjà anciennes et qui ont été portées à la connaissance du public pendant les gouvernements du PT — comme le paiement de mensualités aux député·e·s pour qu’elles et ils votent favorablement aux projets du gouvernement (les Mensalão en 2005) et les schémas impliquant des sociétés d’État, des entreprises de construction et des politicienn·e·s (p. ex l’opération Lava Jato en 2014). Malgré le fait qu’aucun des faits reprochés à l’ancien président Lula n’ait été prouvé, lui et le PT ont été la cible principale de l’opération Lava Jato, afin de retirer à la gauche toute possibilité de rester au pouvoir. Les manifestations de 2013 ont été ensuite instrumentalisées, puis présentées comme un cri populaire en faveur d’un changement politique, et cette perception nouvelle donnée à ce mouvement a conduit en fin de compte à la destitution de la présidente Dilma Rousseff, puis à l’arrestation de Lula.
Les années qui ont suivi le coup d’État institutionnel et civil contre Dilma Rousseff et la démocratie brésilienne (puisqu’elle n’avait commis aucun crime légitimant sa destitution) furent celles de l’ancien vice-président élu, Michel Temer, appartenant à l’ancienne aile de politicien·ne·s conservatrices·eurs du soi-disant « Centrão » du parlement brésilien. Les élites du monde des affaires et les capitalistes du pays ont rapidement commencé à mettre en œuvre leurs contre-réformes, notamment en s’attaquant au droit du travail, en augmentant la pression pour une réforme des retraites, mais surtout en faisant passer l’approbation d’un plafond des dépenses publiques (y compris tout investissement en politiques publiques) d’une durée de vingt ans !
C’est dans ce contexte conflictuel que Bolsonaro a été élu en 2018. Il a reçu un soutien important d’une des nouvelles forces politiques du pays : les pasteurs évangéliques, qui dans les dernières décennies ont réussi à constituer un bloc radicalement conservateur au sein du parlement. Ainsi, une partie importante des voix pour Bolsonaro venaient de catholiques et de protestant·e·s néo-pentecôtistes, de même que de personnes alors en colère en raison de la médiatisation des scandales de corruption organisée pour enflammer l’opinion publique contre la gauche.
Mais ce qui étonne davantage aujourd’hui, c’est la possibilité d’une réélection de Bolsonaro alors que son mandat a été une véritable tragédie sociale, environnementale, économique et politique. Une question reste alors : qu’est-ce qui peut le rendre légitime pour un nouveau mandat aux yeux de l’électorat brésilien ?
Que porte le bolsonarisme ?
L’électorat de Bolsonaro est diversifié, mais toutes les composantes de cet électorat sont en mesure de se retrouver dans un projet commun, centré sur l’idée de garantir le maintien des valeurs conservatrices. Cet électorat est fait de personnes réticentes aux politiques redistributives et antidiscrimatoires faites par Lula : les employeurs, les cadres des grands groupes économiques tels que celles et ceux de l’agro-industrie, des secteurs de la presse liés aux groupes religieux et à l’extrême droite. La représentation de ces secteurs au parlement est généralement qualifiée comme les groupes de pression « de la bible » (en référence aux député·e·s néo-pentecôtistes), « du bœuf » (en référence aux député·e·s des régions rurales) et de la « bala » (en référence aux député·e·s pro-armement). Formellement, le projet du groupe de pression de la bible (formé majoritairement par des protestants néo-pentecôtistes, mais comprenant également des catholiques) est un non-programme se basant sur une totale opposition aux droits des personnes LGBTQ, ou encore à l’accès des femmes à l’IVG. Ces politicien·ne·s représentent les pasteurs de milliers d’églises à travers le Brésil, un pays qui était autrefois le plus catholique du monde et dont la majorité est récemment devenue évangélique (environ 14’000 nouvelles églises protestantes ouvrent chaque année). Pour elles et eux, Bolsonaro est un avocat fidèle des préceptes conservateurs.
La transformation du profil de la religiosité brésilienne ces dernières années s’exprime également dans la sphère politique. Le retrait de la présence de l’Église catholique – et de la gauche ! – dans le travail de terrain dans les communautés périphériques du Brésil est au cœur de ce processus. Dans les années 1980, les Communautés ecclésiastiques de base (CEB) ont réuni des noyaux de formation politique progressiste dans les paroisses, soutenus par l’Église à travers la théologie de la libération. Le travail des mouvements sociaux et des CEB a diminué lorsque la gauche est arrivée au pouvoir au Brésil. La première élection de Lula avait apporté l’espoir que la transformation sociale passerait par une politique institutionnelle et par des politiques publiques progressistes. La croyance dans l’idée que la base électorale ayant bénéficié des politiques du PT resterait fidèle à la gauche s’est malheureusement avérée fausse. À cela s’ajoute la cooptation des leaders populaires qui ont fini par rejoindre l’administration publique. Le tout a créé un vide dans les classes populaires que les églises néo-pentecôtistes se sont mises à combler.
Enfin, la dernière décennie de la politique brésilienne finit par exposer la fragilité de la démocratie brésilienne et met en lumière les mythes qui constituent l’idée de nation. L’une d’entre elles est la thèse construite sur les travaux de Gilberto Freyre (Casa Grande e Senzala) selon laquelle le Brésil est une démocratie raciale, ce qui rend impossible la perception des inégalités et du racisme structurel. Bien que les gouvernements de gauche au Brésil aient réduit les inégalités sociales, garanti des droits aux plus pauvres, augmenté le pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires, qui ont même commencé à voyager en avion et à acheter leur propre maison, cette évolution s’est accompagnée de l’abandon du processus d’éducation politique. Cependant, comme le dit le sociologue brésilien Paulo Freire, « lorsque l’éducation n’est pas libératrice, le rêve de l’opprimé est d’être l’oppresseur ».
Que doit-on comprendre du premier tour ?
Force est de constater que ces élections représentent déjà une grande victoire pour le bolsonarisme. En parallèle des élections présidentielles, d’autres élections ont également eu lieu afin de désigner les exécutifs fédérés (les gouverneur·e·s du district fédéral et de chacun des 26 États), du pouvoir législatif fédéral ainsi que des États (député·e·s et sénatrices·eurs fédérales·aux, et député·e·s d’État). En d’autres termes, ce qui était en jeu dans les élections du 2 octobre, plus que la présidence, c’étaient les principaux postes des pouvoir exécutifs et législatifs dans l’ensemble du territoire brésilien.
Il y a eu cependant des victoires pour le camp progressiste et démocrate. Des leaders indigènes ont été élus député·e·s, la taille des représentations féminines et noires a augmenté. Les mouvements sociaux féministes, pour le droit au logement et à la ville par exemple, ont également réussi à élire des candidat·e·s. Il semble que les forces de gauche aient réussi à se réorganiser pour élire de nouvelles·aux représentant·e·s, mais les forces réactionnaires ont été plus fortes pour les élections à la présidence de la République et au Sénat. Le Sénat élu le 2 octobre n’a ainsi jamais été aussi conservateur.
Bolsonaro a choisi de lancer comme candidat·e·s des personnalités qui composaient déjà son gouvernement, conscient que son électorat ne vote en réalité jamais pour un programme, mais bien pour des figures représentatives des idéaux ultra-conservateurs. En ce sens, le bolsonarisme n’est plus le produit d’un mouvement putschiste, mais il est devenu l’un des principaux groupes politiques au Brésil. Et malheureusement, nous assistons également à la mort du PSDB (Partido da Social Democracia Brasileira) de Fernando Henrique Cardoso, un parti de centre-droit qui est toujours resté dans le cadre du républicanisme et du respect de la Constitution, qui a perdu toute importance politique. Enfin, il apparaît que le mouvement anti-PT rassemble encore des adeptes et qu’il sera difficile pour la gauche rassemblée autour du PT de réorganiser ses agendas et ses luttes.
Que peut-on attendre d’un gouvernement Lula-Alckmin à partir de 2023 ?
La possibilité d’une élection de Lula est réelle, malgré le faible écart entre les deux candidats au premier tour (6 millions de voix). Cela montre à quel point le pays est divisé. Si Lula est élu, nous nous attendons déjà à ce que, dans le cadre de la politique intérieure, ce ne soit pas un gouvernement PT ou un gouvernement de gauche. Cela concernera en particulier le cabinet présidentiel Lula-Alckmin, puisque ce dernier n’est autre que l’adversaire libéral (PSDB) historique du PT aux élections présidentielles. À cela s’ajoutent des soutiens venus de tout un cortège de politicien·ne·s de droite.
Par ailleurs, avec un Congrès à majorité conservatrice et dans un scénario de stagnation économique, cela ne sera probablement pas un gouvernement comme la gauche le souhaiterait. On ne peut pas non plus exclure de nouvelles tentatives de putsch de la part du parlement, des militaires, de la moitié de l’électorat qui soutient Bolsonaro et qui n’accepterait pas de perdre des élections. Quant à la politique étrangère, Lula essaiera en principe de réinsérer le Brésil dans un programme de leadership de l’Atlantique Sud, en cherchant à renforcer le MERCOSUR et les alliances avec les pays africains, en particulier l’Angola, le Mozambique, São Tomé et Príncipe et le Cap-Vert. Il reste à voir si Lula aura la capacité de formuler des stratégies d’articulation internationale dans un contexte politique aussi défavorable.
Que représenterait un nouveau mandat de Bolsonaro à la présidence ?
Un nouveau mandat de Bolsonaro signifierait une défaite terrible pour la gauche et les progressistes. Bolsonaro débuterait son second mandat avec une légitimité populaire remarquable. L’agenda ultra-conservateur sera accéléré, les droits civils pourraient être menacés et il pourrait y avoir une réapparition des persécutions politiques. Dans le jeu politique, Bolsonaro, avec une majorité au Sénat qui lui est acquise pourrait avoir la possibilité de placer l’un·e des sien·ne·s à la présidence du Sénat, ce qui faciliterait les interventions du président (et de ses allié·e·s) jusque devant la Cour supérieure fédérale, gardienne de la Constitution, et dotée du pouvoir de juger les crimes politiques.
Le bolsonarisme gagnerait en force, et avec un accès aux ressources publiques concentrées dans les mains de la présidence de la République, l’opérationnalisation d’une gouvernance parallèle, marquée par des budgets secrets, devrait s’intensifier. Le projet rural et extractif de l’Amazonie sera élargi, encourageant la violence contre les populations indigènes et quilombolas. Au cœur de la société civile, le maintien et la légitimation du discours de l’extrême droite alimenteraient probablement l’intensification des polarisations entre citoyen·ne·s, conduisant à une montée de la violence.
Sur la scène internationale, une victoire de Bolsonaro représenterait une victoire dans l’avancement du fascisme et des gouvernements d’extrême droite. En ce sens, il devient nécessaire d’organiser les fronts sociaux de résistance à cette percée fasciste.
Réorganisation des forces progressistes au Brésil et dans le monde
Il est incontestable que l’extrême droite et le fascisme ont progressé dans diverses régions du monde. La retour global du fascisme met en évidence la nécessité de réarticuler les forces de la gauche et, dans un sens plus large, de toutes celles qui composent le champ démocratique. Avec Lula ou sans Lula à la présidence du Brésil, avec des dirigeant·e·s fascistes et autoritaires dans plusieurs autres pays, il faut faire face à la dure réalité que les forces démocratiques ont dans tous les cas besoin de se réinventer, et qu’elles doivent le faire rapidement. Le retour au travail de base, à la formation politique populaire sera une tâche difficile, surtout avec une population dominée par une idéologie fasciste pseudo-chrétienne. Mais le fascisme a démontré que cette nouvelle vague n’était pas un hasard de l’histoire. Réorganiser la résistance, renouveler le leadership de gauche, élargir la diversité des représentant·e·s et revenir au travail de terrain semble être, à moyen et long terme, notre seule chance de sortir de l’état actuel de dystopie.
[1] Expression populaire au Brésil qui désigne la levée des tabous qui empêchent une série d’actes de se produire, elle est généralement utilisée dans un sens négatif.