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Une guerre contre les travailleuses et les travailleurs

Chères et chers camarades, chères et chers collègues.

Les travailleurs, dans tous les secteurs, subissent les coups les plus brutaux depuis plusieurs années : baisses de salaires ; attaques contre les conventions collectives de travail ; dumping social et salarial ; licenciements par wagons ; licenciement de nos délégués syndicaux ; menaces de délocalisations ; remise en cause des assurances sociales : assurance chômage, assurance invalidité, AVS et deuxième pilier ; privatisation des services publics ; précarisation des conditions de travail.

Est-ce qu’on a bien saisi ce qu’ils veulent faire avec la prétendue « libre circulation des personnes » ? Le marché du travail sans distorsion à la concurrence libre et non faussée, c’est ériger le dumping comme principe fondamental de fonctionnement de l’économie. La prétendue « libre circulation », cela a pour contenu la libre exploitation ! Cela a pour conséquence la mise en concurrence des travailleurs au niveau du continent. Et dans la lettre et l’esprit de cette politique, le fond, c’est qu’il est interdit d’interdire le dumping. La conséquence de cette politique, c’est la montée du racisme et de la xénophobie. Comment voulez-vous qu’on ne soit pas fâché contre le pauvre type qui vient faire le boulot pour la moitié du prix ? D’ailleurs n’est-ce pas ça qu’ils veulent ? Nous opposer, nous diviser ? Et  pendant ce temps, les patrons, avec l’aide des gouvernements, se frottent les mains et leurs tiroirs caisse se remplissent ! La conséquence de la politique que nous subissons, c’est le rétablissement de conditions d’exploitation dignes d’un autre siècle !

La productivité du travail a grimpé de 158% en 20 ans. Aujourd’hui, chaque employé dans la production rapporte 150’000 francs à l’employeur chaque année. En même temps, le salaire moyen dans la production est de moins de 6000 francs. Et les salaires ont commencé à baisser dès 2010. Ce qui nous revient, de la valeur que nous produisons au travail, ce n’est pas même la moitié ! Ce qui nous revient, c’est tout juste 40 centimes pour chaque franc produit ! Et on vient nous faire des misères, à nous, pour quelques pour-cent d’augmentation de salaire !

Camarades, la vie devient dure pour nous autres. Il y a plus de 586’000 pauvres dans ce pays, c’est à dire pas loin de 8% de la population. En ce qui concerne les retraités et les familles monoparentales, le taux grimpe à plus de 25%. On ne compte plus les travailleurs licenciés contraints d’accepter des baisses de salaires considérables à cause de la remise en cause de l’assurance chômage. On ne compte plus les travailleurs aux abois contraints d’accepter des boulots précaires, puis licenciés à nouveau, et ainsi de suite. On ne compte plus les chômeurs exclus de l’assurance chômage, condamnés à l’aide sociale. Vous pouvez avoir cotisé toute votre vie. Si vous vous faites virer deux fois en moins d’un an, vous perdez tout droit à l’assurance chômage. Les victimes d’accidents de travail et ceux qui ne supportent pas la pression hallucinante que leur impose le marché du travail ne peuvent même plus se tourner vers l’assurance invalidité, en cours de démantèlement ! Et une fois retraités, après une vie de labeur, après avoir rapporté 6 millions à l’employeur, on est condamnés à la misère !

Les marchés financiers ont déclaré la guerre aux travailleurs ! Nos problèmes ne sont pas des problèmes suisses, ni même européens. La crise du système économique est mondiale. Les marchés financiers, assoiffés de profits, ont déclaré la guerre à tous les travailleurs. C’est bien d’une guerre totale contre nous qu’il s’agit ! Une guerre qui nous fait sombrer dans l’angoisse du lendemain que se soit pour nous ou pour la jeunesse qui elle subira de plein fouet les conséquences de cette guerre. Et qui sont les états-majors, dans cette guerre ? Leurs états-majors, dans cette guerre, ce sont les institutions dites de la gouvernance mondiale. C’est le FMI qui saigne à blanc les peuples d’Europe au nom des plans d’ajustement structurel comme ils l’ont d’abord fait en Afrique et en Amérique latine, en Asie ! C’est la commission européenne, qui impose l’austérité budgétaire, les privatisations, la casse des assurances sociales, qui impose le dumping social et salarial. En application des arrêts de la cour européenne de justice, il est maintenant interdit dans les pays de l’UE d’organiser des actions syndicales contre la sous-enchère salariale : c’est contraire aux règles de la concurrence libre et non faussée. L’UE avec le FMI, dans le cadre de la Troïka, imposent la plus brutale austérité dans les pays du sud de l’Europe pour sauver les bénéfices des banquiers ! Ce sont les gouvernements nationaux qui s’assujettirent à ces états-majors en jetant à la poubelle le principe de la souveraineté nationale.

Camarades, la Grèce, le Portugal, l’Italie, l’Espagne sont nos voisins. Les travailleurs de ces pays sont nos camarades de luttes. La politique qui les frappe nous frappe aussi. Camarades, il est parfaitement normal pour le Conseil fédéral de s’associer à la politique de l’UE et  de chercher à l’appliquer dans toute sa brutalité : privatisation de la Poste, déréglementation du travail, austérité budgétaire et liquidation des assurances sociales. Il est parfaitement normal pour la Banque nationale suisse mettre des milliards pour sauver l’euro ! Tout cela est parfaitement normal pour eux ! Mais nous ! Nous, syndicalistes, militants ouvriers ! Nous devons être solidaires des peuples et de la jeunesse  d’Europe qui luttent contre l’UE et sa politique dévastatrice! La meilleure façon de les aider à résister, c’est de résister, nous aussi, pied à pied ! Nous ne pouvons accepter que nos représentants laissent s’appliquer en Suisse cette politique destructrice de l’UE relayée par notre gouvernement. Ce qui se passe aujourd’hui est très grave. Ce qui ce passe en Afrique depuis les années 90, ce qui se passe aujourd’hui en Grèce, en Espagne, au Portugal n’est rien d’autre que l’image de notre propre avenir. La poste sera privatisée le premier juillet, dans un silence assourdissant de nos représentants, en application des directives de l’UE. L’UE exige que le gouvernement Suisse adapte automatiquement « l’acquis communautaire ».Ça voudrait dire qu’il criminalise tout combat syndical contre le dumping salarial. Ça voudrait dire que tout combat contre les libéralisations et les privatisations serait impossible. Ça voudrait dire que les syndicats deviennent inutiles, impuissants.

Nous ne pouvons pas accepter. Ce qui nous arrive n’est pas une fatalité ! Prenons notre avenir et celui des générations futures en main ! Il est temps qu’on se relève, et qu’on se batte !

Pierre-Alain Recordon

Président du groupe syndical de Nestlé

 

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