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Souveraineté alimentaire: un enjeu démocratique fondamental

On ne pourra pas couper à un débat sur le libre-échange, dans le contexte de la crise mondiale qui a débuté. Néanmoins, ce débat nécessaire pour la gauche ne devra pas se cantonner à l’opposition stérile entre protectionnisme et libre-échange. Notre réflexion de socialistes devra se porter sur l’intérêt des travailleuses et des travailleurs à l’échelle mondiale, intérêt qui ne passe pas nécessairement par l’importation à tous crins de produits réalisés grâce à leur exploitation.

Ce débat, néanmoins, nous avons choisi de le faire débuter sur un sujet sensible, car il touche le plus directement notre vie quotidienne: l’alimentation analysée au travers de la production agricole. La volonté de développer le libre-échange agricole, illustré récemment par l’introduction du principe du «Cassis de Dijon» dans la loi suisse et bientôt avec l’accord de libre-échange agricole entre la Suisse et l’Union européenne, est une réalité avérée.

Défense du consommateur?

A gauche, une option particulièrement funeste existe, celle de la défense du «consommateur», personnage mythique qui aurait des désirs et des besoins, indépendants de sa situation de producteur… On aura reconnu là, la défense d’une baisse des prix (notamment agricoles) prônée par une gauche qui préfère se battre sur ce terrain plutôt que sur celui de la hausse des salaires. Certes, les marges empochées par les intermédiaires (distributeurs, etc.) sont bien trop élevées et doivent être réduites au minimum. Mais le problème est beaucoup plus profond.

Au nom de ce «consommateur», on accepte le sacrifice de la paysannerie en Suisse, et l’intensification de son exploitation ailleurs dans le monde. Cette exploitation ne profite en réalité pas aux travailleurs et aux travailleuses des pays du Nord comme du Sud, mais toujours aux bourgeoisies transnationalisées. C’est contre cette logique que les mouvements de paysans, et les forces progressistes, proposent la notion de «souveraineté alimentaire», qui n’est réductible ni à l’autosuffisance alimentaire, ni au protectionnisme. Comme la définit le syndicat Uniterre: «La souveraineté alimentaire désigne le DROIT d’une population, d’une région ou d’un pays à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping de prix vis-à-vis de pays tiers».

Le libre-échange, comme dumping social et écologique

Ce droit est remis en cause par le libre-échange intégral tel que prôné par la bourgeoisie. Le libre-échange conduit à créer un prix unique mondial des biens échangés. Ce prix détermine ensuite les coûts de production indépendamment du pays de production. A cet égard toutes les protections sociales et écologiques gagnées par le mouvement ouvrier et le mouvement écologiste sont balayées.
C’est bien pourquoi, dans le fond, c’est de démocratie qu’il s’agit. Le commerce international ne peut reposer sur la règle du libre-échange car cette règle est celle aveugle et destructrice du marché libre, qui prime la volonté politique et les lois élaborées démocratiquement. La nécessaire civilisation que doit apporter le socialisme et son attachement aux principes démocratiques exige la régulation la plus complète et la plus favorable aux intérêts de la classe ouvrière. C’est à ce titre seulement que l’on pourra parler de solidarité internationale en lien avec le commerce.

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