La rédaction •
Les recherches et études statistiques sont unanimes: tandis que la fiscalité est toujours revue à la baisse, le fossé entre les plus riches et le reste de la population ne cesse de se creuser. Pour ne citer que cet exemple, en Suisse, le 1% le plus riche possède désormais 42,3% des richesses contre seulement 33% il y a à peine 40 ans. À l’opposé, en 2019, 735’000 personnes vivaient en deçà du seuil de pauvreté et la crise liée au COVID-19 n’aura évidemment fait qu’empirer la situation. Ces crasses inégalités trouvent leur source dans le simple fait que, par le capital qu’elle possède, une infime partie de la population vit du travail d’autrui. Car qu’on ne s’y trompe pas, c’est aujourd’hui la propriété qui permet d’être riche, et non le salaire payé pour un travail.
Si le président des États-Unis Joe Biden a surpris par ses déclarations et son intention de relever les taux d’imposition, la Suisse s’apprête le 26 septembre prochain à se prononcer sur une proposition bien plus offensive: l’initiative 99% de la Jeunesse socialiste suisse. En taxant les hauts revenus du capital (dividendes, intérêts bancaires et plus-values immobilières) plus fortement que ceux du travail, l’initiative se propose de redistribuer la richesse à celles et ceux qui la produisent réellement, à savoir les travailleuses et travailleurs. Estimée à 8 milliards de francs, la redistribution des recettes engendrées prendra la forme de baisses d’impôts sur les petits et moyens revenus ainsi que de paiements de transfert en faveur de la prospérité sociale tels le financement de l’AVS ou encore l’ouverture de places de crèche.
La date de votation était encore inconnue que la campagne de la droite bourgeoise avait déjà débuté. Dans un graphisme rappelant curieusement l’UDC, economiesuisse s’est d’ores et déjà offert une large campagne numérique en dépeignant les initiant·e·s en vilain·e·s communistes désirant la mort des PME. On innove décidément peu du côté des lobbies économiques. Les arguments demeurent toujours aussi malhonnêtes que faux, puisque cette initiative keynésienne n’augmentera pas d’une quelconque manière l’imposition des entreprises. Au mieux, des patron·ne·s de PME pourraient l’être si elles et ils en venaient à se verser, en sus de leur salaire, au moins 10’000 francs de dividendes par mois. Des petit·e·s patron·ne·s d’entreprises familiales particulièrement florissantes, donc…
Cette contre-offensive précoce s’avère cependant de bon augure, car une fois de plus, le succès de l’initiative dépendra de la pression et de la panique que nous, les 99%, sauront installer dans le camp adverse. Alors, faisons-les trembler!
À relire sur notre site Internet: le dossier du no 171 de Pages de gauche (printemps 2019) intégralement consacré à l’initiative.