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Les répercussions sociales du changement climatique


Travail! Le magazine de l’OIT, N°60, 2007.

Contrairement à l’idée reçue, les principales répercussions du changement climatique en matière sociale au cours des prochaines décennies ne viendront ni de la lente et régulière augmentation de la moyenne annuelle des températures ni de la montée du niveau des mers, mais davantage du caractère de plus en plus imprédictible du climat.

De cette irrégularité climatique résultera la plupart des dommages causés. Les événements climatiques extrêmes, en particulier les inondations et les orages violents, risquent de devenir plus fréquents. Le GIEC (2007) s’inquiète du manque de connaissances sur les répercussions du changement climatique sur l’emploi et les moyens de subsistance. L’agriculture et le tourisme, secteurs les plus tributaires du climat, sont aussi visiblement les plus touchés par son changement. Cela n’augure rien de bon pour l’emploi et les moyens de subsistance.

Catastrophes climatiques

Des conditions climatiques extrêmes peuvent causer des dégâts considérables et durables. Le violent orage qui s’est abattu, en juin dernier, sur la mégapole pakistanaise de Karachi, a causé la mort de près de 200 personnes, principalement dans les zones pauvres et densément peuplées, aux constructions précaires. Les dommages causés aux infrastructures, comme les routes et lignes à haute tension, peuvent perturber l’économie et réduire les sources de revenus. Dans des pays en développement, comme au Ghana ou en Ouganda, la sécheresse persistante a réduit l’accès à l’énergie hydraulique, provoquant des coupures de courant très fréquentes et perturbant le mode de vie et le développement économique dans la région. D’après certains pronostics, les conditions climatiques extrêmes pourraient s’accompagner du déplacement de quelque 50 millions de personnes dans le monde ces prochaines années. Le manque d’accès aux systèmes de protection sociale est l’une des raisons qui conduisent les victimes de catastrophes naturelles, n’ayant souvent d’autre choix, à émigrer.

Les femmes premières touchées

Les femmes sont d’autant plus affectées par ces bouleversements climatiques que leur présence dans l’agriculture, l’industrie agro-alimentaire et des secteurs comme le tourisme est importante et que leur rôle au sein des familles est central. L’eau est vraisemblablement en passe de devenir une denrée de plus en plus rare et convoitée. Les maladies infectieuses comme le paludisme risquent de s’étendre et d’affecter la main-d’œuvre disponible, ainsi que la productivité des travailleurs.

Avec sa multitude de pauvres et de personnes vulnérables et sa faible capacité d’adaptation, l’Afrique est la région du monde la plus affectée par le changement climatique. Et pourtant, elle y a peu contribué et n’est pas prête de le faire pour le moment. En Ouganda, où le café est l’une des principales ressources d’exportations et l’un des principaux employeurs du pays, une augmentation de 2°C de la température moyenne ferait disparaître les zones propices à la culture du café.

Le rapport du GIEC souligne un aspect important dont il est peu question dans les médias, à savoir que les répercussions sociales du changement climatique dépendront davantage des modèles d’économie et de société que des changements des systèmes naturels eux-mêmes, du moins à court et à moyen terme. La plupart de ces répercussions peuvent être évitées ou amorties, à condition que les politiques et les mesures d’adaptation au changement climatique intègrent les conséquences prévisibles en matière d’emploi et de revenus.

 

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