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Le socialisme par gros temps

La rédaction •

Les derniers mois ont prouvé de manière éclatante qu’en période de crise la gestion d’une société doit être socialiste, et qu’elle sera d’autant plus efficace qu’elle sera respectueuse des libertés fondamentales. À l’exception de quelques esprits dérangés, personne n’a pu même penser qu’une gestion de la pandémie par le marché et la « libre » concurrence entre les entreprises était envisageable.

L’économie suisse a été largement socialisée durant cette pandémie, la puissance publique portant à bout de bras des secteurs entiers, par le biais de l’assurance-chômage, par la garantie des prêts bancaires d’urgence, par les décisions prises sur les baux commerciaux, et par l’injection massive de liquidités. Non seulement les a-t-elle financés, mais les décisions du Conseil fédéral ont aussi fait passer la gestion de certains de ces secteurs sous un contrôle public plus ou moins direct (le ravitaillement alimentaire, la distribution d’essence).

Lorsque la situation est aussi difficile et incertaine qu’elle l’était au mois de mars, le socialisme est la seule solution viable. Cette conclusion presque logique a évidemment bouleversé les responsables politiques et économiques suisses, renversant totalement toutes les valeurs auxquelles ils et elles croient depuis des décennies. Il est certain qu’on se dépêchera de justifier cette gestion exceptionnelle par une situation sanitaire qui l’était tout autant. Il ne reste pas moins que cette gestion de crise a su montrer son efficacité, même dans un pays aussi peu préparé que la Suisse à la mettre en œuvre.

La crise a également pu être surmontée grâce à ce que les ultra-libéraux du PLR et de l’UDC n’étaient pas parvenus à détruire totalement : des hôpitaux publics, un service public des transports et de l’énergie qui, malgré la baisse brutale de la consommation, a pu maintenir un service minimal et une fourniture ininterrompue, une administration qui a la plupart du temps montré son agilité pour s’adapter aux circonstances, etc.

Depuis la mi-mars tout concourt à montrer que le socialisme fonctionne mieux que le laisser-faire généralisé, la concurrence entre entreprises et la privatisation des services publics. Cela signifie que le laisser-faire n’est qu’une politique de beau temps (et encore, seulement pour les personnes les plus aisées), ce qui n’est nullement une surprise pour toute personne de gauche à peu près sensée. Notre tâche maintenant consiste à montrer que, si le socialisme est bien la méthode la plus robuste d’organisation de l’économie et de la société, celle qui résiste le mieux aux crises, il est aussi, en temps normal et à condition d’être démocratique, la plus efficace, la plus juste, la plus égalitaire et la plus durable.

Publié comme éditorial dans Pages de gauche n° 176 (été 2020).

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