Photographie : © Christine Ritter |
Willy Cretegny (Fondateur du parti « Nouveau radical ») •
Le référendum « Stop huile de palme » a été lancé contre ce modèle économique désastreux qu’est le libre échange sur lequel nous allons voter le 7 mars. L’éclairage de Willy Cretegny, qui en est l’initiateur.
L’huile de palme est le produit emblématique de cet accord entre l’Indonésie et les pays de l’AELE. Le parlement suisse l’a ratifié le 20 décembre 2019 et le référendum a été lancé par plusieurs organisations paysannes et de défense de la nature.
L’Indonésie est le plus gros producteur d’huile de palme au monde, cette culture couvre environ 10% du pays. Son développement se fait au détriment de la forêt vierge tropicale riche en espèces, ainsi que des paysan·ne·s indigènes. La technique du brûlis est pratiquée à grande échelle pour gagner du terrain sur les forêts. L’huile de palme est produite dans des monocultures et avec l’utilisation de pesticides toxiques dans des conditions de travail inacceptables.
L’agriculture vivrière locale est menacée, elle n’a plus comme principal mandat de nourrir la population mais de répondre à la demande du marché mondial sans se soucier des besoins indigènes.
Les productions qu’elles soient agricoles, artisanales ou industrielles sont tournées uniquement vers l’exportation. Le résultat de cette politique économique dominante est que notre environnement est mis à mal par la pollution, la déforestation, les pesticides et le transport.
L’accord de libre-échange
Mais il faut revenir sur les mesures principales d’un accord de libre-échange : les mesures tarifaires et les mesures non tarifaires. Les premières sont les taxes douanières contre la distorsion de concurrence provoquées par la différence de coût de production d’un pays à un autre. Ces taxes permettent de protéger les activités économiques et l’emploi. Le but premier d’un accord de libre-échange consiste à abaisser, voire à supprimer ces taxes. Le résultat ne se fait pas attendre, c’est la délocalisation de notre production vers les pays à bas coût.
Il faut aussi comprendre que les taxes à l’importation sont une fiscalité légitime pour chaque pays. En les supprimant, on crée un potentiel de profit énorme pour les multinationales et on appauvrit les populations. Pour les pays pauvres, la perte de ces revenus est catastrophique. Ce potentiel de profit explique, en partie, la création rapide d’immenses fortunes, comme on le voit avec les compagnies minières et les entreprises engagées dans le commerce de matières premières.
Dans le cas de l’accord avec l’Indonésie, c’est plus particulièrement la pression sur la production d’huile végétale en Suisse par l’importation d’huile de palme à bas coût qui pose problème.
Les mesures non tarifaires, sont la protection de nos normes de fabrication, la protection de notre production par la limitation de l’importation grâce à des contingents de volume.
N’oublions pas que nos normes expriment des choix que nous avons faits, en terme de sécurité, de solidité et de respect de l’environnement. Les contingents de volume sont des mesures qui participent à une véritable gestion des ressources. En effet, pourquoi importer des grandes quantités d’huile de palme à bas prix si nous avons une production suffisante et de qualité d’huile de colza et de tournesol ?
La disparition des productions locales, qu’elles soient agricoles, artisanales ou industrielles créent de la précarité, du chômage et la perte d’un savoir-faire.
Avec la globalisation, un·e jeune qui apprend le métier de menuisier va fabriquer la seule fenêtre ou la seule porte de sa vie pendant son apprentissage. Le reste du temps il ou elle se contentera de poser des fenêtres ou des portes fabriquées en Roumanie ou en Chine…
Enjeux environnementaux
L’importation à bas prix est également responsable en grande partie de la surconsommation. En mettant sur le marché des biens à des prix toujours plus bas, on épuise les ressources de la planète. Une perceuse ou une visseuse à 30 frs n’est plus réparée, mais jetée. Il est meilleur marché de jeter et de racheter une machine neuve qui coûtera moins cher que la réparation. On accélère ainsi et de manière irresponsable l’épuisement des ressources et on pollue toujours plus.
Il est grand temps de comprendre que l’on doit protéger nos productions et revenir à des pratiques cohérentes et qui ont du sens.
Pour protéger l’environnement, pour économiser nos ressources naturelles, pour protéger nos emplois et pour développer un tissu social de qualité, soutenez le référendum « Stop huile de palme » le 7 mars et votez non à l’accord de libre-échange entre la Suisse et l’Indonésie !
Cet article a été publié dans Pages de gauche n° 178 (hiver 2020-2021).