Le vote du 12 février 2017 restera à coup sûr dans les annales des votations cantonales neuchâteloises, tout comme celle du Transrun de septembre 2012.
L’initiative partait pourtant perdante, mais un type de politique consistant à diriger depuis le sommet a vécu ce dimanche un échec retentissant. Le Conseiller d’État Laurent Kurth avait pourtant mis presque tous les acteurs clés dans sa poche: l’administration cantonale, l’HNE, la société des médecins neuchâtelois et son satellite des médecins de famille, les milieux infirmiers, les médecins des institutions, les milieux économiques et… certains médias, dont le journal local qui a clairement dépassé certaines lignes rouges. Il était également proche d’une victoire théorique grâce au rapport démographique qui devait le donner gagnant dans sa tentative d’arbitrage du vieux conflit hospitalier neuchâtelois.
C’était sans compter sur un engagement de tous les instants des communes du Haut et du groupe de travail interpartis (GTIH). À l’inverse de la votation sur le Transrun, les communes des deux districts du Haut ont su se mobiliser de manière impressionnante et voter en bloc pour l’initiative, malgré les interventions du Conseiller aux États Didier Berberat et de certains médecins chaux-de-fonniers favorables au contre-projet. Ces élites ont peut-être trop vite cru que les Montagnes neuchâteloises étaient démoralisées et vaincues d’avance. L’arrogance et le paternalisme, notamment des dirigeants de l’HNE, ont probablement motivés la population, tout comme l’absence d’écoute et de compromis avait motivé la majorité des députés du Haut du canton. Finalement, les partisan·e·s du contre-projet ont été étonnamment absents du terrain (très peu d’affichage) et inefficaces sur les réseaux sociaux.
Ce scrutin et son score à priori clivant pour le canton ouvre peut-être une ère nouvelle: la population du Littoral est certes majoritaire dans le canton, mais rien ne pourra s’y faire sans écouter les Montagnes neuchâteloises (et les Vallées). Le mythe du centralisme a peut-être vécu et, dès lors, l’entente cantonale pourrait paradoxalement s’améliorer car, de facto, les régions constituant ce canton devront se fédérer sans qu’aucune ne puisse prétendre, violence politique à l’appui, l’emporter largement sur les autres.
Armin Kapetanovic
Ancien député et vice-président du GTIH