La rédaction (d’avril 2011) •
Dix ans après Fukushima, la rédaction de Pages de gauche republie l’édito qu’elle avait consacré à l’évènement au moment des faits en avril 2011. La sortie du nucléaire et des énergies carbonées est aussi possible et urgente aujourd’hui qu’hier.
Voici l’édito qu’on souhaitait ne jamais devoir écrire. On a beau avoir répété que le nucléaire est une énergie dangereuse, entourée de secret et hors de tout contrôle démocratique, le fait d’être aujourd’hui confirmé·e·s dans nos craintes ne peut évidemment nous réjouir. La preuve par Fukushima suffira-t-elle à convaincre de la nécessité d’une sortie rapide de cette énergie?
Rien n’est moins sûr. Évidemment, une partie de la classe politique bourgeoise s’est empressée d’abjurer le nucléaire. Pour certain·e·s cette conversion est sincère. Mais l’empressement à vouloir mettre fin à tout débat et les reproches d’opportunisme faits à celles et ceux qui ne font que répéter une position qui n’est pas neuve, laisse présager un rebondissement rapide du lobby pronucléaire.
Déjà les idiot·e·s utiles du nucléaire que sont certain·e·s catastrophistes climatiques se font bruyants. Pour ces personnes la catastrophe de Fukushima n’en serait pas vraiment une, en tout cas en comparaison avec la catastrophe future du changement climatique… Quelques personnes irradiées aujourd’hui serait peu de choses en comparaison des innombrables personnes inondées demain.
Nous pensons que la sortie du nucléaire est urgente et possible, et qu’elle n’implique pas un accroissement de l’utilisation des énergies fossiles. Des économies massives d’énergie et le développement parallèle des énergies renouvelables sont techniquement possibles. Mais ces solutions ne se feront pas toutes seules, par la seule grâce du «Dieu marché». Pour mettre en œuvre rapidement ces solutions, l’État doit investir massivement. L’argent est là, il s’agit maintenant d’un choix de société, d’un choix politique.
Cet article a été publié dans Pages de gauche n° 98 (avril 2011).