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17 juin: voter sur les accords internationaux

La dernière initiative de l’ASIN (Association pour une Suisse indépendante et neutre, bras armé de l’UDC blochérienne pendant des années, quoiqu’un peu moribonde ces derniers temps) souhaite étendre l’usage du référendum obligatoire pour la ratification des traités internationaux.

Interprétée en termes purement partisans, cette initiative veut surtout rappeler que l’UDC est le seul parti qui défend le peuple contre des élites cosmopolites toujours tentées par un rapprochement avec l’Union européenne. En cas d’acceptation le 17 juin, elle réduirait considérablement les dépenses nécessaires pour lancer un référendum contre les futurs accords que l’UDC souhaiterait combattre. Elle pourrait de plus renforcer l’idée que le «peuple suisse» est ataviquement hostile à toute collaboration internationale. Tous ces arguments conduiraient donc plutôt à la rejeter.

Et pourtant, la politique ne se limite pas aux jeux de pouvoir entre partis. Il faut aussi considérer les objets politiques, les questions soulevées et les textes proposés. C’est tout particulièrement vrai lorsque la démocratie directe est en jeu, et elle l’est ici à double titre: d’abord parce qu’il s’agit d’une initiative populaire, et ensuite parce que cette dernière concerne les droits populaires eux-mêmes.

Extension des droits populaires
Toute extension des droits populaires doit-elle être forcément défendue? La réponse est non, mais il faut de très bonnes raisons, solidement étayées par l’expérience et impeccables sur le plan des arguments, pour refuser une telle extension. Alléguer un «blocage du système» ou un «engorgement du calendrier», comme le fait une nouvelle fois le Conseil fédéral pour combattre cette initiative, ne répond pas à ces critères.

Il est mensonger de prétendre que cette initiative conduirait à consulter le peuple sur des objets sans importance car, bien au contraire, davantage d’accords importants lui seraient automatiquement soumis. Il ne l’est pas moins ensuite de dénoncer son humeur changeante ou son incompétence sur les questions internationales; les citoyen·ne·s ont bien au contraire fait preuve d’une belle constance ces dernières décennies (même si on peut la regretter sur certains objets). C’est un argument spécieux enfin de craindre le nombre de scrutins que l’initiative entraînerait, puisque c’est bien la participation qui fait la citoyenneté, jusqu’à preuve du contraire.
Craindre le verdict populaire sur les traités internationaux, c’est craindre le peuple lui-même: laissons ce réflexe à la droite.

 

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