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L’électricité nucléaire: une voie sans issue

L’énergie nucléaire est souvent défendue au prétexte qu’elle ne produit pas de CO2. Ceci est largement faux et vise à faire oublier ses coûts et sa dangerosité.

L’affirmation selon laquelle les centrales nucléaires (ci-après ‘’centrales’’) ne produisent pas de CO2 n’est que partiellement vraie. Il faut de l’énergie, productrice de CO2 , pour extraire le matériau nucléaire et le transporter. Au-delà, il faut rappeler que, contrairement à d’autres énergies, les centrales ne produisent, avec un rendement très mauvais, que de l’électricité. Ce qui ne représente qu’environ 5 % de l’énergie totale mondiale. Même en supposant que le parc de centrales s’accroisse, on voit difficilement comment la production d’électricité d’origine nucléaire pourrait dépasser 8 ou même 10% de l’énergie totale. Le solde consiste principalement en énergies d’origine fossile (pétrole, gaz, charbon) consommées très largement par les transports motorisés, ou le chauffage. En affirmant que le nucléaire résoudra le problème du réchauffement climatique, les milieux pro-nucléaires trompent le peuple.

Grossier mensonge ou imbécillité crasse

Alors que la fin du pétrole est évoquée constamment, la crise des ressources affectera aussi l’industrie nucléaire. L’accroissement du nombre de centrales épuiserait d’autant plus rapidement les réserves d’uranium, qui en l’état actuel de la technologie, ne suffiront pas au-delà de quelques dizaines d’années. A ce propos, un mensonge proféré abondamment, que ce soit par omission délibérée, ou par imbécillité crasse, consiste à invoquer la fameuse indépendance énergétique. Qu’il s’agisse de l’UDC (voir ci-dessous), du ministre Sarkozy, ou plus récemment du premier ministre Blair, il n’y a pas, ou plus, dans les trois pays correspondants, de mines d’uranium, donc pas d’indépendance énergétique, puisqu’il faut désormais aller chercher ce minerai au-delà des mers, par exemple au Niger (exploitation, dans tous les sens du terme, relevant de l’aventurisme néo-colonial), ou plus loin encore (mise en danger d’une réserve naturelle en Australie).

Le problème est que même si l’uranium s’épuise et conduit donc le nucléaire, à terme, à sa disparition, les dégâts causés par l’industrie nucléaire sont nombreux et se feront sentir longtemps. En amont, l’extraction du minerai d’uranium cause des dégâts environnementaux considérables. Surtout au terme du processus d’enrichissement, il reste de l’uranium appauvri (UA): ce métal, très toxique et radioactif, mais très perforant et pyrophore, a été utilisé depuis les années 1990 comme munition, notamment dans les Balkans, en Irak et probablement aussi au Liban. Après explosion, ce matériau contamine de vastes étendues, et cela pour longtemps: la demi-vie de l’uranium 238 est de 4,8 milliards d’années.

Intraitables déchets

En fin de course, les centrales produisent des déchets radioactifs, toxiques, dont certains ont une durée de vie très longue (cas du plutonium: après 100’000 ans, il en reste environ 5%). Des controverses font rage concernant le sort de ces intraitables déchets: faut-il les entreposer aux fins de surveillance, ou les enfouir au plus profond de couches que l’on suppose géologiquement étanches et stables? Malgré des affirmations moult fois réitérées depuis près de 50 ans, le problème des déchets n’est toujours pas résolu. Et rien que pour cette raison, il faut cesser de produire de l’électricité d’origine nucléaire, et se tourner résolument vers les énergies renouvelables.

La mascarade des coûts

Il faut enfin relever que l’économie nucléaire n’est pas rentable dans le contexte actuel de l’économie de marché, contrairement aux affirmations des milieux pro-nucléaires. En effet de nombreux coûts sont omis. En amont, les recherches de base ont été largement subventionnées, par les militaires notamment. Les provisions financières pour couvrir les coûts du démantèlement des centrales et la gestion des déchets sont sous-estimées ou inexistantes. Quant à la couverture en responsabilité civile en cas de catastrophe, elle est scandaleusement insuffisante, d’un facteur mille, ou davantage: autrement dit, les collectivités publiques passeront à la caisse.

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