Les utopies : des laboratoires pour l’imaginaire

Discussion de la rédaction •

La définition de l’utopie est toujours délicate, surtout si l’on veut éviter son sens le plus immédiat et dépréciatif, celui de proposition irréaliste. Pour tenter de lui donner un autre contenu, la rédaction s’est réunie pour en parler. On verra dans la retranscription de cette discussion que différents points de vue sont alors apparus.


Comment définir l’utopie ?

Hervé : Pour moi, l’utopie est une société idéale, ou une société vers laquelle on veut tendre, mais il me semble que c’est une définition minoritaire au sein de la rédaction. Cette image d’une autre société nous permet de penser ce qui n’existe pas maintenant, mais ce en fonction de quoi on veut organiser l’action politique et les luttes. L’utopie sert à penser au-delà du présent pour orienter notre action. 

Ce n’est pas pour autant l’image d’une société parfaite. Black Utopia insiste par exemple sur la conflictualité dans les utopies, imaginant des sociétés non harmonieuses, imparfaites mais utopiques. Ce genre d’utopie est intéressant car il montre que les relations de pouvoir sont indépassables dès qu’il y a une société, tout en proposant un idéal.

Valentine : Il faut toujours rappeler que les utopies sont des récits de fiction, et qu’elle est donc d’abord un genre littéraire. C’est ce qui permet de comprendre le sens du non-existant de l’u-topie (le lieu de nulle part, en grec), et la capacité critique qu’on confère à ces textes. Les utopies mettent en scène des mondes fictifs, mais ces derniers ont énormément évolué avec le temps. Je trouve important de rappeler ce lien de l’utopie avec la littérature.

Si l’utopie est critique, c’est grâce à la prise de distance par rapport à la société existante que permet la fiction. C’est d’abord une manière d’éviter la censure, mais aussi d’acquérir une plus grande liberté dans la critique qu’on élabore.

Antoine : Il faut se débarrasser de l’idée que l’utopie désigne un programme politique ou qu’elle serait la description de la société que nous voudrions voir établie. Parce que si c’était le cas, on aurait une quantité immense d’exemples complètement disparates d’utopies, y compris très anciens. Il faut au contraire garder la spécificité du terme inventé par Thomas More au XVIe siècle, dont l’objectif n’est pas de décrire une société idéale, mais de proposer une opération à la fois littéraire et politique complètement différente.

Ce que je donnerais plutôt comme définition de l’utopie, c’est une manière de rendre étrange le réel, en le renversant. Dans ses textes sur la question, Miguel Abensour parle à cet égard du « tout autre social ». Les utopies décrivent quelque chose qui n’a rien à voir avec la société qu’on a sous les yeux, ce qui a immédiatement une qualité critique parce qu’en renversant le réel, on montre son caractère arbitraire, on montre que ça pourrait fonctionner différemment. Ça montre aussi que ce qui paraît être évident, en réalité ne l’est pas. C’est pour cela que les utopies ont autant de force, même si elles sont parfois complètement absurdes, car elles permettent d’interroger tous les aspects de la vie en société.

Si une utopie décrit une société où tout est mécanisé, ça ne signifie pas que son autrice·eur le souhaiterait, mais que la mécanisation permet de déplacer certaines questions. On peut prendre l’exemple de l’utérus artificiel, qui fait disparaître le problème de l’engendrement (maternité, accouchement, etc.), ce qui tout à coup transforme les rapports hommes-femmes. Autre exemple, si les enfants sont élevés par des robots, toute la question de la domination entre les parents et les enfants disparaît. En ce sens, l’utopie est une manière de rendre étrange ce qui nous est familier.

Chez More, on a par exemple la question de l’égalité, la disparition non seulement des titres de noblesse, mais aussi de toute espèce de différence et de distinction entre les individus. Pour l’Angleterre du XVIe siècle, c’est un séisme. D’un seul coup on se dit « voilà une société où tout le monde vit de manière égalitaire ». Peut-être y a-t-il quand même certaines inégalités qu’il faudrait conserver, mais pourquoi celles-ci plutôt que celles-là ? Cela amène tout de suite à se demander pourquoi les titres de noblesse existent, ce qui fait qu’un individu est roi, etc.

H. : Et quels effets produisent ces utopies ?

A. : Elles produisent nécessairement une critique de la société existante. Une utopie conservatrice n’a pas de sens, c’est une contradiction dans les termes. L’utopie est nécessairement transformatrice, elle a une ambition de changement de la société. Et la plupart du temps, cette ambition est quand même assez élevée, on le voit chez Thomas More, mais aussi chez les grands utopistes du XIXe siècle : Fourier, Owen, Saint-Simon. En ce sens, l’utopie peut être dite révolutionnaire.

H. : Mais la droite produit aussi des utopies qui cherchent aussi à transformer la société. Même si ce ne sont pas nos utopies, est-ce qu’on peut nier pour cette raison la possibilité même d’une utopie de droite ?

A. : Là on doit s’interroger sur le type de transformations que souhaite la droite. Pour aller très vite, je considère que ces dernières sont toujours des transformations qui cherchent à « tout changer pour que rien ne change », comme l’écrit Lampedusa dans Le Guépard. Pour dire les choses clairement, on transforme certaines choses dans la société pour que les rapports de pouvoir restent identiques. Parfois, ça nécessite effectivement de changer assez profondément la réalité – il faut envahir un pays, se débarrasser de certaines institutions, changer de constitution, etc. – seule manière de garantir que ceux qui ont du pouvoir ou des privilèges les conservent. Toutes les politiques « néolibérales » des trente dernières années reviennent à cela, en définitive.

H. : Parce que j’ai en tête des utopies de droite qui veulent approfondir ces rapports de pouvoir.

A. : Ou les aggraver…

H. : Libérer davantage les capitalistes, par exemple, n’est pas simplement une vision conservatrice au sens étymologique du terme, mais aussi malheureusement une vision de transformation, dans le sens d’une plus grande pénétration du capitalisme et des rapports du pouvoir dans la société. C’est pour moi ce que proposent nombre d’utopies de droite, comme celle de Ayn Rand.

A. : Si tu donnes plus de pouvoir à ceux qui en ont déjà, l’effet est fondamentalement conservateur. Tu peux avoir des transformations de surface mais sans transformer les structures fondamentales de la société et les rapports de pouvoir qui la régissent. La droite n’est pas réformiste, au sens véritable du terme.

Quel temps pour l’utopie ?

Joakim : Ce qu’il me paraît assez essentiel de relever, c’est que les utopies sont écrites au présent et constituent toujours une critique du monde dans lequel l’autrice·eur vit. Quand on lit Herland, l’ouvrage de Perkins Gilman [voir page 16], on remarque très vite qu’il a été rédigé par une autrice féministe américaine blanche du début du XXe siècle. Ce livre est fortement imprégné par les idées racistes et eugénistes de l’époque. Le terme « aryen » est même utilisé au premier degré. Le texte est pourtant en tout point une utopie féministe, car il décrit une société idéale dans laquelle les femmes portent les cheveux courts, sont sportives, extrêmement intelligentes, etc.

Par ailleurs, il me paraît contre-productif de chercher les incohérences des récits utopiques. Toujours dans Herland, la société se reproduit par parthénogenèse. À un moment ou un autre, dans un tel monde, un problème de diversité génétique apparaîtrait. Néanmoins, il ne sert à rien de poser la question, car il s’agit d’un procédé narratif dont l’intérêt est de démontrer que les femmes pourraient très bien constituer une société sans hommes.

A. : La question temporelle est essentielle. Les utopies sont en effet au présent, non seulement parce qu’elles portent la marque du moment où elles ont été imaginées, mais qu’elles sont écrites pour le présent, qu’elles répondent aux enjeux du jour. L’idée que l’utopie décrirait un futur possible ou désirable est tardive et peu représentative de ce genre. C’est d’ailleurs l’une des différences essentielles entre utopie et dystopie.

Il y a bien l’exemple de Louis-Sébastien Mercier au XVIIIe siècle, lorsqu’il écrit L’an 2440, ou celui de William Morris avec les Nouvelles de nulle part, mais ce sont plutôt des exceptions. L’objectif est cependant identique, puisqu’il s’agit d’interroger la société présente, en faisant un détour temporel plutôt que géographique.

V. : Les dystopies critiquent aussi un présent par le biais d’un futur plus ou moins proche, car elles poussent à l’extrême quelque chose qui est en germe dans le présent pour en montrer les limites.

A. : Mais dans les dystopies, cette dimension temporelle est essentielle, on le voit jusque dans les titres (1984 par exemple), car elles reposent sur le prolongement de tendances observées ou pressenties dans le présent, portées à leur aboutissement. Elles décrivent donc bien le futur de notre présent, alors que les utopies fonctionnent différemment, comme on l’a dit.

V. : Même si nous nous écartons un peu de l’utopie, on peut remarquer que certaines dystopies sont des uchronies, elles décrivent des bifurcations de l’histoire qui mènent à des catastrophes, comme Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick (publié en 1962), qui imagine que l’Allemagne et le Japon ont gagné la Seconde Guerre mondiale. Ce sont des dystopies réalistes, mais qui écrites au passé, donc des uchronies.

V. : On pourrait peut-être dire plutôt que l’utopie est une forme de laboratoire de l’imaginaire, dans lequel la dimension temporelle n’est pas indispensable. Dans l’u-topos, le non-lieu, il n’y a pas d’espace, mais il n’y a pas de temps non plus. Cela fait partie de la dimension fictive du récit. Je pense surtout à Thomas More qui fait cette longue description de l’île d’Utopia, espace clos qui permet la rupture avec le monde réel. On imagine que cette île existe, mais qu’elle est difficile d’accès, loin de toutes les côtes existantes, protégée par des tempêtes, etc. Cet éloignement marque en réalité le passage vers l’imaginaire.

Le chapitre sur « Laputa » dans les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift fonctionne de la même manière. Son île est dans les airs, ce qui en rend l’accès difficile.

L’utopie est vraiment un espace de l’en-dehors, qui crée une sorte de laboratoire d’expérimentation sociale et politique.

A. : Laboratoire des imaginaires, ou manière de libérer l’imaginaire, voilà une définition qui me convient. Dans des situations politiques difficiles, il peut arriver que l’on soit incapable d’agir ou d’écrire. Les projets semblent vains. C’est dans ces cas-là qu’on peut vouloir proposer quelque chose de complètement différent qui prend la forme de l’utopie.

H. : Est-ce que la dystopie est l’inversion de l’utopie, ou la continuation des tendances déjà à l’œuvre dans le présent ? Je n’ai pas l’impression qu’il y a des réponses tranchées car on trouve des contre-exemples dans les deux cas. Parler de « laboratoire d’imaginaire » me paraît pertinent. L’utopie, c’est un laboratoire pour imaginer une alternative à ce qu’on a maintenant, qui ne se contente pas d’être l’inversion de ce qui existe. L’idée d’une utopie comme laboratoire de l’imaginaire fait écho aux deux définitions de l’utopie : comme société idéale et comme fiction qui renforce et qui inverse des éléments du présent pour le critiquer.

L’utopie et la tradition socialiste

A. : Il faut revenir à More, qui construit le terme sur les deux sens. L’utopie, c’est à la fois le bon lieu et le lieu qui n’existe pas, le terme est construit sur cette double étymologie : eu-topos et ou-topos. Ce terme qui dit deux choses en même temps est un coup de génie de More, peut-être un peu hasardeux, je n’en sais rien. À partir de là, on retrouve toutes les questions que nous sommes en train de nous poser. Si on imagine une autre société, c’est qu’on pense également qu’on peut améliorer la société dans laquelle on vit. L’idée que l’on peut transformer la société pour en faire quelque chose d’autre et de mieux est complètement étrangère à toutes les pensées conservatrices. Dans la tradition socialiste, on dit au contraire qu’on peut le faire et qu’on a la volonté de le faire.

H. : Mais alors pourquoi y a-t-il cette critique marxiste virulente des courants du socialisme dit « utopiques » ? Cette critique réduit le courant utopique au sein du socialisme à quelque chose d’insuffisamment « scientifique » ou sérieux, une lubie de doux rêveurs, qui rejoint directement la critique de droite des utopies.

V. : C’est d’ailleurs le sens courant qu’on donne aujourd’hui à « utopiste ».

A. : Ici il faut revenir je crois au travail entrepris par Miguel Abensour dans les années 1970 [voir la bibliographie en fin de dossier]. Pour lui, on se méprend sur la critique que Marx et Engels font du socialisme utopique dans le Manifeste communiste en disant qu’ils le rejettent. La position qu’ils défendent consiste à dire que Saint-Simon, Owen et Fourier ont posé les bases du communisme, mais qu’ils ne vont pas assez loin dans leur critique de la société. En fait, l’utopie reste trop réformiste pour Marx et Engels par rapport à ce qu’ils nomment le « socialisme scientifique », mais il faut récupérer ce que les socialistes utopiques ont amené, notamment l’imagination d’une nouvelle société, en y ajoutant un plan d’action dans le réel.

V. : Et c’est peut-être ça qui est assez intéressant à propos de la question de la réalisation de l’utopie, parce que si elle est une possibilité pour n’importe qui d’imaginer le meilleur des mondes et de critiquer la réalité, dès le moment où il y a une volonté de réalisation du projet utopique, ça devient un projet politique. Un projet politique ne serait pas une utopie, si on s’en tient au double sens de More, lieu du bonheur et non-lieu, quelque chose qui n’existe pas et n’a pas vocation à exister. Peut-être qu’on peut vraiment s’en tenir à ça pour l’utopie. C’est le meilleur des mondes parce qu’il ne doit pas exister. Et dès le moment où on veut le réaliser, ce n’est plus le meilleur des mondes et il devient dangereux.

A. : Il faut aussi rappeler que la fameuse définition du communisme chez Marx (dans L’idéologie allemande), c’est « le mouvement réel qui abolit l’état actuel ». Ça n’a rien à voir avec la préfiguration d’une société future délivrée de l’exploitation et de l’oppression. Le texte précise d’ailleurs explicitement qu’il ne s’agit pas d’un idéal.

C’est donc l’envers de l’utopie au sens où nous cherchons à la définir ici. Je ne décrirais donc pas Marx comme un utopiste, et les quelques lignes où il essaie de décrire très succinctement ce que serait la société communiste ne changent rien au problème. Le travail critique de Marx contre la société de son temps est d’une nature très différente de celui engagé par les utopistes, quelles que soient les proximités dans les projets politiques que les uns et les autres ont défendu.

Utopies de droite

Aida : On parlait d’utopies de droite avant. Par exemple, est-ce que l’initiative de l’UDC visant à limiter la population en fait partie ? Cette proposition est irréaliste, impossible à mettre en œuvre, mais elle a des effets sur le réel.

A. : Je pense qu’il faut faire très attention, dans notre famille politique, à ne pas qualifier d’« utopies » des choses qui nous paraissent absurdes ou impossibles, afin de ne pas reproduire le discours anti-utopique classique. On ne s’oppose pas à une proposition parce qu’elle est impossible, mais parce qu’on est en désaccord avec elle.

J. : Et en plus l’UDC serait capable de le faire !

A. : N’oublions pas que les forces autoritaires, des stalinien·ne·s aux conservatrices·eurs, en gros toutes les personnes qui pensent qu’il y a des hiérarchies, ont toujours détesté les utopies. D’une certaine manière, ce sont les anti-utopistes qui montrent le plus clairement que l’utopie est un projet critique, émancipateur, un projet de transformation de la société. À partir du moment où on commence à imaginer quelque chose, cela signifie que nous ne sommes pas condamnés à vivre dans le monde tel qu’il est, qu’il est possible de le transformer, et de transformer par la même occasion notre existence et les rapports entre les gens. C’est à la fois très radical et émancipateur.

H. : C’est bien ça qui est empouvoirant, de penser qu’on peut agir sur la société. En vous écoutant, j’ai l’impression qu’un des aspects radicaux de l’utopie, c’est la liberté que prend quelqu’un d’écrire et de proposer une organisation sociale différente. De décrire quelque chose d’autre que ce qui fait notre quotidien, notre réalité. L’utopie reste émancipatrice et libératrice parce qu’elle se fonde sur la liberté de se donner les moyens d’imaginer une autre organisation sociale.

V. : Les utopies peuvent pourtant devenir désuètes. Le fait qu’elles soient historiquement situées peut modifier le sens de leur contenu ; une utopie ne restera pas éternellement progressiste. Au contraire, elle montre aussi a posteriori les progrès qui ont eu lieu. Et je trouve amusant de voir que certaines utopies nous paraissent complètement folles aujourd’hui à cause de ce décalage.

Les formes des récits utopiques

H. : Nous n’avons pas discuté des formes du récit utopique. Je pense en particulier à la différence entre la forme fictionnelle, avec sa narration se déroulant dans une société autre, et l’utopie « politique » qui repose sur la description d’une autre organisation sociale.

A. : Le fait que ce soit la plupart du temps des récits permet de sortir de la description. Une personne voyage, discute avec des gens, voit des choses qui le ou la surprennent, etc. Il y a presque toujours un voyageur (bien rarement une voyageuse) dans les utopies. Ça peut être un voyageur au sens propre du terme, comme chez More, ou un voyageur temporel, comme chez Morris par exemple, mais dans tous les cas il raconte quelque chose, même si le récit est parfois un peu douteux. Dans l’Utopie de More, le nom du voyageur est un jeu de mot qui signifie qu’il raconte n’importe quoi. Chez Morris, le héros voyage dans le temps pendant son sommeil, donc le livre est en fait le récit d’un rêve.

V. : Ce qui différencie l’utopie de la dystopie, c’est la question du point de vue. En utopie, le texte décrit beaucoup, avec un point de vue externe. En dystopie au contraire, on suit les péripéties d’un personnage, avec parfois un récit à la première personne. Le voyage y est interdit. Si l’utopie est la possibilité de rêver un autre possible, en dystopie, il faut essayer de recréer le possible, parce qu’il est complètement étouffé. Ça part généralement d’un individu. On appelle ça la théorie du grain de sable : un individu qui va tout d’un coup se mettre à questionner le monde et à tenter d’y résister.

J. : Ça explique aussi pourquoi des dystopies peuvent être écrites par des auteurs conservateurs. La plupart du temps, il s’agit d’un récit centré sur une personne tentant de s’émanciper individuellement dans une société autoritaire, ce qui est tout à fait compatible avec une forme de conservatisme. Au contraire, l’utopie a forcément un lien avec une transformation de la société.

V. : Et elle demande un décentrement, et je pense que tu es obligé·e de te décentrer pour penser à un autre monde, tu ne peux pas rester sur les règles d’une société déjà normalisée et en place qui maintient des privilèges. Penser à un autre monde suppose d’avoir un point de vue critique sur la société existante.

La version courte de cette discussion a été publié dans Pages de gauche n° 189 (automne 2023).

Crédit image: Utopia sur RSI Radiotelevisione svizzera

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