Introduction au dossier sur les langues

La rédaction •

Avec la sortie du numéro 185 de Pages de gauche dont le dossier est consacré aux langues, Pdg publie en libre-accès l’introduction de ce dernier afin d’en donner un aperçu. Pour recevoir le numéro en entier et soutenir une presse de gauche indépendante, abonnez-vous!


La langue fait partie de ces institutions ambivalentes qui peuvent aussi bien être des moyens d’oppression que des outils d’émancipation. Une langue dominante peut servir à réprimer une population subalterne, en lui interdisant d’utiliser la sienne propre. Les classes aisées d’une société peuvent se servir de la langue comme d’un moyen de distinction sociale permettant de classer immédiatement les personnes dès qu’elles prononcent une phrase, la langue populaire étant stigmatisée. À l’inverse, la langue est un moyen de reconnaissance et de constitution de collectivités, elle peut aussi devenir un instrument de résistance, de communication cryptée et de subversion dans des contextes autoritaires.

Avec ce dossier nous avons souhaité explorer quelques-unes des questions liées aux politiques de la langue. Nous parlons en particulier d’exemples différents du français, pour relativiser ce qui est trop souvent pensé comme «normal» et allant de soi avec cette langue. Pour commencer la déconstruction de ces idées, nous vous proposons un article présentant les bases historiques des réformes de l’orthographe française, les forces qui s’y sont opposées, et les raisons pour lesquelles nous soutenons une forte simplification de l’orthographe et de la grammaire françaises.

Avec les articles sur la langue des signes, le suisse allemand ou encore le pidgin nigérian, nous présentons des exemples concrets de langues vivantes structurées et utilisées de manière complètement différente du français.

En examinant les enjeux autour de l’utilisation des différentes langues nationales dans la politique suisse, nous montrons que le plurilinguisme atteint vite ses limites et que la langue dominante s’impose rapidement. Dans un tout autre contexte, le dossier présente également le long linguicide de la langue kurde en Turquie.

Par ces multiples entrées, ce dossier cherche aussi à rappeler qu’il n’y a rien de plus politique que la langue, comme on le voit encore aujourd’hui en Ukraine (voir page 21), et que les tentatives de la dépolitiser proviennent toujours des personnes que la langue avantage déjà de toutes les manières possibles.

Cet article a été publié dans Pages de gauche n° 185 (automne 2022).

Crédit image: Fernando Lavin sur Unsplash.

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