La rédaction •
Avec la sortie du numéro 194 de Pages de gauche dont le dossier est consacré à la fiscalité, nous publions en accès libre l’introduction de ce dernier afin d’en donner un aperçu. Pour recevoir le numéro en entier et soutenir une presse de gauche indépendante, abonnez-vous!
La stabilité politique de nombreux pays d’Europe occidentale vacille à un degré rarement atteint. En France, Autriche, Allemagne ou Belgique, une même contradiction complique les accords de coalition et engendre des reconfigurations politiques inquiétantes.
Les tensions budgétaires post-Covid conduisent à deux réponses politiques divergentes. L’une exige des coupes supplémentaires dans les dépenses de l’État, en abandonnant au passage toute ambition de soutenir les secteurs économiques fragilisés ces dernières années, et l’autre propose de modestes hausses de l’imposition, en particulier des profits les plus illégitimes. Les organisations patronales, qui ne veulent pas entendre parler de la deuxième option, poussent les élu·e·s les plus conservateurs·trices dans les bras de l’extrême droite.
Dans ce paysage où la fiscalité est au centre des tensions politiques, la Suisse occupe une place à part, d’abors parce que la coalition qui occupe le pouvoir n’est pas menacée, et ensuite parce que son statut de paradis fiscal lui permet de capter un important substrat fiscal sur le dos du reste du monde.
Le rapport austéritaire Gaillard de l’été dernier a ouvert la porte pour que l’État fédéral se désengage encore davantage de certaines de ses activités clés (recherche, transport, coopération internationale, etc.). Et sauf menace référendaire, les partis bourgeois possèdent suffisamment de leviers de pouvoir pour continuer ces politiques. Dans les cantons, ils utilisent la défiance envers l’impôt, pour se donner un faux-semblant populaire. Mais leurs réductions d’impôt linéaires ne profitent pourtant qu’à leurs électeurs·trices, qui touchent les revenus les plus élevés.
Ce dossier permettra d’éclairer les inepties argumentaires de ces récentes baisses d’impôts, mais aussi de dresser un historique sur le temps long de la fiscalité en Suisse. La fiscalité traverse l’ensemble des enjeux politiques et conditionne la réalisation de projets redistributifs et égalitaires dans une société démocratique.
Cet article a été publié dans Pages de gauche no 194 (hiver 2024-2025).
Crédit image: Thomas Bruchez