Édito 182: Solidarité avec Le Courrier

La rédaction •

Avec la sortie du numéro 182 de Pages de gauchePdg publie en libre-accès l’éditorial de ce dernier afin d’en donner un aperçu. Pour recevoir le numéro en entier et soutenir une presse de gauche indépendante, abonnez-vous !


Le harcèlement de Jean Claude Gandur contre Le Courrier se poursuit. Après avoir perdu le vote pour que la ville s’occupe plus ou moins gracieusement de sa collection d’art pendant 99 ans, Gandur avait attaqué le journal pour calomnie et diffamation. Il avait alors épuisé tous les recours jusqu’au Tribunal fédéral, pour finalement perdre. Qu’à cela ne tienne, lorsqu’on est milliardaire, un procès perdu ne coûte (presque) rien, et la défaite au plan pénal laissait encore le procès civil en réserve. Ici aussi, Gandur avait perdu en première instance en 2018 (voir Pages de gauche no 170), puis gagné à l’échelon supérieur. Le journal avait alors fait recours devant le Tribunal fédéral, qui lui a donné tort dans un arrêt du 10 septembre 2021 qui le condamne pour « atteinte à la personnalité ». L’objet du délit est un article paru le 16 mai 2015 que la cour a ordonné de faire disparaître du site.

Cet article rappelait l’origine controversée de la fortune de Gandur, issue pour partie d’un accord avec le dictateur Sani Abacha pour l’exploitation du pétrole nigérian (voir Pages de gauche no 152). L’intérêt public de cette information dans le cadre de la campagne sur le nouveau Musée d’Art et d’Histoire de Genève avait été reconnu par le Tribunal fédéral dans le cadre de la procédure pénale, au grand dam de Gandur.

Celui-ci ne s’est donc pas démonté et a continué à chercher des noises à notre confrère, dans une manœuvre d’intimidation détestable à l’égard de la presse indépendante. Suite à sa condamnation, Le Courrier va devoir débourser plus de 40’000 frs. Les expressions qui figurent dans l’article de mai 2015 laissent entendre, pour le Tribunal fédéral, que « Jean Claude Gandur, en tant que patron de AOG, a dirigé ses affaires en payant les pouvoirs locaux ». La cour estime également que « les assertions à connotation négative (“mécène en eaux troubles” ; “profiteur” ; “affameur” […]) sont de nature à contester tout honneur à Jean Claude Gandur ». Dans son arrêt, le Tribunal fédéral interprète donc de manière constamment malveillante l’article du Courrier.

Depuis 2015 et sa défaite dans les urnes, Gandur veut détruire la presse indépendante. Il faut la défendre contre cette attaque, car nous savons hélas que Le Courrier n’est pas le seul titre attaqué aujourd’hui. Maudet l’a fait, Broulis aussi, Rochebin également avant d’abandonner sa plainte contre Le Temps. Quant aux entreprises, elles sont coutumières du fait.

Nous exprimons toute notre solidarité au Courrier, et assurons aux puissant·e·s que rien ni personne ne parviendra à faire taire la presse indépendante !

Cet article a été publié dans Pages de gauche n° 182 (hiver 2021-2022).

Crédits image: Utsav Srestha sur Unsplash.

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