Jusqu’au 20 mars 2016, la gauche vaudoise est en campagne contre la baisse de l’imposition des entreprises d’un taux de 23,48% (taux 2013) à 13,79%, que le Grand conseil vaudois a adoptée le 29 septembre 2015. Jusque là, rien d’anormal. Le problème est que la gauche vaudoise en question ne comprend plus les directions du PS vaudois ni des Verts vaudois, qui se sont alignées sur leurs représentant·e·s au Conseil d’État, montrant par là une inversion de la relation de représentation: les appareils de ces partis se croient dorénavant les représentants de leurs ministres, compliquant même activement le débat démocratique interne sur une question pourtant cruciale au cœur des projets politiques de gauche.
Affamer les services publics
Le canton de Vaud vote donc sur la réforme de l’imposition des entreprises la plus importante de son histoire, puisqu’elle va amputer les ressources des collectivités publiques vaudoises de plus de 520 millions par an, selon les chiffres du Conseil d’État. Il est très inquiétant de voir dans ce contexte des forces de gauche qui abandonnent la partie et condamnent la redistribution des richesses en se soumettant au chantage des grandes entreprises bénéficiaires, les seules à profiter de cette arnaque.
Gaver les grandes entreprises
Cette baisse fiscale est d’une telle ampleur qu’elle aurait dû faire l’objet d’un référendum obligatoire. Mais la droite vaudoise a fait en sorte que seules les dépenses importantes y soient soumises, ce qui n’est pas le moindre des problèmes des mécanismes de «frein à l’endettement», qui se révèlent encore pour ce qu’ils sont en réalité: des accélérateurs de déficits, préparant le terrain pour privatiser des services publics asphyxiés par les cadeaux faits aux plus riches, cette fois-ci les grandes entreprises bénéficiaires. Car on ne peut même pas parler d’une politique qui soutient les entreprises, puisqu’il faut déjà être bénéficiaire pour payer un impôt sur le bénéfice. Ainsi moins de 30% des entreprises du canton paient cet impôt, et la plupart paient un impôt inférieur à 10’000 frs. Seules 530 entreprises, soit 2,4% des entreprises vaudoises, ont réalisé un bénéfice supérieur à un million en 2011, payant ainsi près de 90% de l’impôt sur le bénéfice. Que le gouvernement vaudois à majorité de gauche ait décidé de jouer l’avant-garde d’une réforme fédérale catastrophique, non encore adoptée et déjà menacée d’un référendum, est très alarmant. C’est le signe d’une colonisation des esprits massive contre laquelle il faut se battre, comme nous le rappellent également dans ce dossier nos voisin·e·s neuchâtelois·e·s et genevois·e·s.
La rédaction
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