Dans le Jura, un «oui» le 13 juin pour réduire les inégalités salariales

Rébecca Lena, Secrétaire régionale d’Unia transjurane •

En Suisse, le salaire des femmes est actuellement inférieur de 19% à celui des hommes. Dans le Jura, cette inégalité culminait, sans la moindre justification, au moment du lancement de l’initiative, à plus de 23%. Le syndicat Unia Transjurane a alors décidé, en 2017, de lancer une initiative cantonale visant à mettre en œuvre concrètement l’égalité salariale entre femmes hommes dans le canton du Jura, un texte sur lequel se prononcera le peuple jurassien le 13 juin prochain.


En 2021, soit 40 ans après l’ancrage dans la Constitution fédérale du principe d’égalité salariale, les femmes suisses se posent toujours les mêmes questions: être une femme justifie-t-il un salaire inférieur à la fin du mois? Notre travail n’a-t-il pas la même valeur que celui des hommes? Pourquoi ne sommes pas entendues? Combien de fois encore devrons-nous descendre dans la rue pour que les choses changent?

Pourtant, la Suisse s’est dotée d’une loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes (Loi sur l’égalité, LEg) qui dispose notamment que:

Il est interdit de discriminer les travailleurs à raison du sexe, soit directement, soit indirectement, notamment en se fondant sur leur état civil ou leur situation familiale ou, s’agissant de femmes, leur grossesse.

Art. 3, al. 1 de la loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes

L’interdiction de toute discrimination s’applique notamment à l’embauche, à l’attribution des tâches, à l’aménagement des conditions de travail, à la rémunération, à la formation et à la formation continue, à la promotion et à la résiliation des rapports de travail.

Art. 3, al. 2 de la loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes

Étant donné que cette loi n’est contestée par personne et qu’elle a même été renforcée en 2020 – notamment par l’intermédiaire d’une obligation d’analyse des inégalités salariales pour les entreprises de plus de 100 employé·e·s –, nous ne pouvons, dès lors, qu’arriver à la conclusion suivante: la situation n’évoluera pas tant qu’aucune mesure contraignante ne sera imposée aux entreprises.

À part les employeuses·eurs, tout le monde pâtit de la situation

Cautionner de telles inégalités salariales entre femmes et hommes, c’est rendre possible une forme pernicieuse de sous-enchère salariale pratiquée, à large échelle, sur près de 46% de la population active. À ce titre, les pertes induites sont énormes, notamment en termes de cotisations sociales, de rentrées fiscales et de consommation. Les budgets des familles sont fortement grevés par cette situation. Il faut en outre ajouter que les femmes sont discriminées jusqu’à leur retraite, celle-ci étant actuellement inférieure de 30% à celle des hommes. Par ailleurs, être mère célibataire est un facteur particulièrement important de précarité.

En outre, les places de travail les moins bien rémunérées – dans les secteurs essentiels du commerce de détail, du nettoyage ou des soins, ainsi que dans certaines branches de l’industrie – sont principalement occupées par des femmes. Comme l’a confirmé le premier Rapport social du canton du Jura présenté en février 2019, le canton connaît, par ailleurs, une augmentation alarmante de la pauvreté. Ceci est particulièrement vrai pour les femmes travaillant à temps plein, mais ne gagnant pas assez pour vivre. Toutefois, les bas salaires ne sont pas les seuls à être touchés. Les hauts salaires sont également concernés, notamment par le fait que les femmes obtiennent plus difficilement des promotions que les hommes.

Rien ne justifie des différences de salaires aussi importantes, si ce n’est l’exploitation économique des femmes pour la seule raison que ce sont des femmes!

Des mesures efficaces pour une concrétisation effective

Il est temps que la situation évolue, l’égalité salariale est une question sociale de premier plan pour les femmes, mais aussi pour la société dans son ensemble. Les discriminations ne doivent en effet plus être tolérées dans le cadre d’une société juste et tournée vers l’avenir.

Le 13 juin, le peuple jurassien devra se prononcer sur l’initiative d’Unia Transjurane «Égalité salariale: concrétisons!». Celle-ci demande au Gouvernement jurassien de mettre en place des mesures concrètes et contraignantes afin de diminuer les inégalités salariales dans le canton.

Le Gouvernement de la République et Canton du Jura, qui soutient l’initiative, tout comme le Parlement jurassien, a déjà fait part de sa volonté de garantir l’égalité salariale entre femmes et hommes dans les entreprises et entités subventionnées par l’État. L’exécutif entend notamment élargir le respect des conditions-cadres et de l’égalité salariale à l’ensemble des mandats et des subventions de l’État confiées ou versées à des tiers, publics ou privés. Il propose, en outre, d’abaisser le seuil fixé par le droit fédéral pour l’analyse obligatoire de l’égalité salariale de 100 à 50 employé·e·s.

Cependant, seul un «oui» clair et une approbation massive de notre initiative dans les urnes, le 13 juin, garantiront la mise en œuvre des mesures proposées par le Gouvernement. L’approbation de cette initiative aura des répercussions politiques importantes. Dans un canton jeune, ouvert et solidaire, un oui donnera un signal fort à l’ensemble de la classe politique et des milieux économiques. En plus, un tel résultat aura valeur d’exemple dans toute la Suisse.

Le 13 juin, votez «oui» à l’initiative «Égalité salariale: concrétisons!», car il est temps que les choses changent!

Plus d’informations sur l’initiative sur : https://transjurane.unia.ch/initiative-egalite

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