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Widmer-Schlumpf

Ces jours-ci, la plupart des médias et tous les partis politiques s'offusquent en coeur de la "chasse aux sorcières" lancée par l'UDC contre sa nouvelle conseillère fédérale.

La campagne de l'UDC, sur la forme, est misérable. Comme d'habitude, cette formation ne sait que surenchérir, crier au complot, dans un style qui finira par lui nuire. Les menaces, les injures ou les ultimatums ne font qu’illustrer le caractère profondément autoritaire des principaux dirigeants de l’UDC suisse.

Mais sur le fond, ils ont parfaitement raison: Widmer-Schlumpf devrait quitter sa formation politique. L’UDC a remporté sa victoire aux dernières élections nationales sur un programme puant mais tout à fait clair. Les autres partis ont estimé qu'un tel programme n'était pas conciliable avec la politique consensuelle de notre cher Conseil fédéral et n'ont pas réélu Blocher (encore que l'on pourrait discuter des motivations réelles des différentes formations). Mais il aurait fallu alors avoir un peu de courage politique et dire clairement qu'une formation qui agit comme agit l'UDC suisse n'a pas du tout sa place au Conseil fédéral. Il est parfaitement légitime qu'aujourd'hui l'UDC et ses électeurs/trices soient scandalisé-e-s par la situation.

Rêvons un peu: Admettons que l'élection de Christian Levrat représente vraiment un virage à gauche de sa formation. En passsant, cela semble mal parti étant donné le silence du PSS, notre "grand parti des travailleurs" préféré, au sujet de la grève de CFF cargo… Revenons à notre rêve: dans quatre ans (ou huit, c’est un rêve, pas un délire), l'immense majorité des sections du PS a une ligne clairement alignée sur la gauche de l'échiquier et ce parti devient, de loin, la première force du pays en occupant un tiers des sièges du parlement. Christian Levrat est élu, dans la liesse populaire, au Conseil fédéral et annonce immédiatement qu'il va lancer des projets de loi pour la retraite flexible, pour le salaire minimum, contre la concurrence fiscale, affiche haut et fort qu'il vise le dépassement du capitalisme, etc. Après quatre ans, la droite, énervée par cet agitateur, le remplace par Simonetta Sommaruga, parfaite représentante du social-libéralisme et qui a le plein soutien de sa section. La gauche ne crierait-elle pas au scandale? Ne dénoncerait-elle pas "l'arrogance bourgeoise", la "capitulation social-libérale"? Ne demanderait-elle pas la démission – au moins du PS – d'une élue ne représentant pas les idées qui ont mené son parti à la victoire? Pour ma part, j'attendrais d'elle qu'elle le fasse.

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