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Un démantèlement social sans précédent

Outre les restrictions prévues dans l’accès aux rentes, la 5e révision réduit également les prestations des bénéficiaires actuels et futurs. Mais les coûts sont simplement reportés sur les cantons, les communes et l’assurance-maladie.

La révision prévoit plus de 300 millions par an de coupes aux dépens des personnes handicapées. A cause de l’UDC et de termes officiels trompeurs comme le «supplément de carrière», de nombreuses personnes pensent que les bénéficiaires de l’AI s’en sortent bien. Pourtant, une rente moyenne entière ne se monte qu’à 1525.— par mois et un rentier sur cinq vit aujourd’hui déjà au-dessous du seuil de pauvreté.

Malgré cela, le Conseil fédéral pousse le cynisme jusqu’à qualifier certaines coupes de «suppressions des incitations négatives existantes», par quoi il faut entendre que les bénéficiaires se plaisent à l’AI et que la révision les aiderait à retrouver le chemin de l’effort. En réalité, cela revient à passer d’un système de sécurité sociale fondé sur des droits à un système d’assistance: les personnes qui ne parviennent plus à joindre les deux bouts seront contraintes de demander l’aide de leur famille ou subsidiairement des services sociaux locaux.

Grande précarité

Lors de la 4e révision de l’AI, les rentes complémentaires pour conjoint-e-s ont été supprimées, avec la garantie que celles et ceux qui la touchaient déjà la conserveraient. Pourtant, ces quelque 62 500 femmes et 18 100 hommes qui prennent soin de leur conjoint-e handicapé-e se verront aujourd’hui à leur tour privé de cette prestation de 400.— en moyenne, alors qu’aucune solution globale n’existe pour la prise en charge des personnes qui ont besoin d’assistance régulière à domicile. Cette mesure conduira à des cas de grande précarité, surtout chez les couples d’un certain âge.

Quant au fameux «supplément de carrière» destiné à tenir compte lors du calcul de la rente du fait que le dernier salaire des personnes devenues handicapées plus jeunes est forcément plus bas, sa suppression concernera annuellement quelque 11’500 nouveaux bénéficiaires de rente de moins de 45 ans. Le montant de la rente se situe, supplément compris, entre 1055.— et Fr. 1600.— par mois. Même de l’avis du Conseil fédéral, cette mesure ne permettra guère de faire des économies et n’occasionnera qu’un transfert des coûts vers les prestations complémentaires.

Enfin, les mesures médicales de réadaptation professionnelle ne seront désormais plus financées par l’AI, mais par les caisses-maladie. Ainsi, malgré les belles intentions affichées, on demandera désormais aux personnes concernées de prendre en charge une partie des mesures nécessaires pour leur propre réinsertion via la quote-part et la franchise prévues par la LAMal! Sans parler de l’augmentation des coûts de la santé et donc des primes qui en découlera…

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