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Seul un PS fort peut changer les choses

Pour retrouver dynamisme et succès, le PSS doit miser sur la mobilisation générale de ses membres et une meilleure communication de ses propositions.

La défaite du parti socialiste lors des élections zurichoises appelle une réaction de tous les socialistes de Suisse, d’où qu’ils viennent et quelle que soit leur fonction. Il n’en demeure pas moins qu’un grand parti, qui a marqué l’histoire et contribué au progrès dans le monde du travail et les milieux modestes, ne se pose pas à chaque événement électoral la question de savoir s’il doit changer de ligne. Il ne se demande pas avant de partir dans une lutte s’il est sûr de gagner. S’il doit se demander comment mieux faire passer son message, il ne change cependant pas de message au gré des modes ou des injonctions médiatiques. Le parti socialiste, c’est un ensemble de valeurs et de convictions fortes, pas un produit de marketing. En plus, c’est cela que les électeurs apprécient: la fidélité à des convictions et le courage dans les campagnes difficiles.

C’est inéluctable: les analyses vont se succéder. Nous devrons les faire ensemble et nous dire les choses franchement. Au-delà de l’analyse sur les causes d’une défaite dans un canton, il s’agit de savoir quoi faire dans les mois qui viennent. Ce qu’il faudra faire, c’est dire concrètement quelles seront les conséquences pour le niveau et la qualité de vie des gens d’un PS fort ou d’un PS faible. Trois lignes directrices me paraissent centrales.

La mobilisation est nécessaire

Nos thèmes sont ceux qui influencent la vie des gens sur le long terme: la redistribution des richesses créées par toutes et tous, le pouvoir d’achat, le logement, la sécurité sociale, l’égalité des chances par la possibilité pour les jeunes de trouver une formation et un emploi, la défense d’un cadre de vie préservé, une écologie sociale. Pourtant, ces thèmes ne sont pas naturellement mis au centre des débats dans un monde où les faits divers et les questions identitaires envahissent toujours plus et partout l’espace médiatique. Nous devons inverser ce mouvement. Pour cela il faut:

• L’engagement de tous nos élus à tous les niveaux, parce qu’ils sont ceux qui ont accès aux médias. Plus que les autres partis nous avons besoin de leur engagement au service du parti, car le parti n’a pas les généreux donateurs qui lui permettent par la publicité d’imposer ses thèses dans une campagne.

• L’engagement des militants sur les stands, sur les places de marché et dans les réseaux associatifs.

Quand la mobilisation manque nous perdons, quand elle est là, à tous les niveaux, nous progressons.

Le bilan de la droite

Sur les questions de sécurité et d’immigration, nous devons porter le débat sur les causes des peurs et des frustrations des gens, en disant quelques choses simples:

• La multiplication des articles et des titres, les changements de loi sur les étrangers et sur l’asile ne changent rien sur le terrain. Seule une politique publique de prévention et de répression des délits peut avoir un effet. Cela n’est pas possible avec le programme de moins d’Etat de l’UDC et des Radicaux.

• L’UDC a la responsabilité au plan fédéral de la lutte contre les réseaux de trafic de drogue, de proxénétisme, de blanchiment d’argent. Nous devons l’interpeller sur ses résultats, qui sont quasi nuls.

• La politique de l’UDC n’est pas de limiter l’immigration, mais de transformer l’immigration légale en immigration illégale. Ce phénomène était inexistant dans les années 80, il est massif après quinze ans de politique migratoire inspirée par l’UDC.

• La pénalisation des employeurs qui font venir et exploitent la main d’œuvre au noir est bloquée par l’UDC. Or, c’est le seul moyen efficace de préserver notre marché du travail du dumping salarial causé par l’exploitation de travailleurs sans droits.

En plus de notre opposition morale, nous devons mettre en cause l’efficacité réelle de la politique de la droite sur ces questions.

Des propositions concrètes

Le PS est un grand parti de gauche capable de gouverner. Il apporte aux gens non pas seulement l’occasion de manifester leur soutien à des valeurs, mais, et c’est sa marque de fabrique, la capacité de les mettre en œuvre concrètement. Nous devons donc dire et montrer concrètement en quoi le PS a pu ces dernières années changer concrètement le cours des choses et en quoi il le pourra à l’avenir. Quelques exemples :

• C’est le PS qui dans les années 90 a critiqué et fait changer la politique de la BNS qui renforçait inutilement le franc, menaçant notre croissance et nos emplois, notamment dans le secteur industriel.

• C’est le PS qui a empêché la Suisse de suivre l’aveuglement libéral marqué par des hausses de prix massives et des pannes dans le domaine de l’électricité.

• C’est le PS qui a bloqué le processus de privatisations des grandes entreprises stratégiques et de réseau.

• C’est le PS qui a enclenché le processus menant à de meilleures allocations familiales.

• C’est le PS qui a permis au million de rentiers AVS de notre pays de recevoir cette année entre 40 et 80 francs par mois d’amélioration de leur revenu. Avec l’UDC et le reste de la droite les anciens de notre pays auraient perdu en 2007 entre 500 et 1000 francs chacun.

Si la Suisse va bien, c’est en grande partie parce que le PSS, allié avec les syndicats et les autres forces de gauche, a pu bloquer l’agenda néolibéral de la droite et initier quelques timides réformes progressistes. Mais cet agenda néolibéral reprendra de plus belle si le PS sort affaibli des élections de cet automne. Seul un PS fort peut empêcher ce qui est dans les tiroirs de la droite: 1) La baisse du taux de conversion, donc des rentes du deuxième pilier; 2) La mise en cause de l’âge de 65 ans pour le droit à l’AVS; 3) La privatisation des entreprises publiques et du secteur de la santé; 4) Un programme de redistribution des fruits de la croissance aux actionnaires et aux grands managers.

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