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Pour une Europe solidaire!

Le 8 février 2009, le peuple suisse sera amené à se prononcer sur la reconduction des accords portant sur la libre circulation des personnes, ainsi que sur l’extension de cette dernière à la Roumanie et la Bulgarie. S’il est évident que cette échéance prochaine motive le choix de ce dossier, «l’angle d’attaque» choisi se veut plus réflexif qu’une simple analyse des «mots d’ordre» des parties. Entrer dans le débat d’un sujet qui peut marquer un tournant pour des milliers de travailleur•se•s de ce pays, sans sombrer dans la propagande, tel est notre objectif.

Enjeu de taille s’il en est. D’un côté, l’UDC qui prône le «non», de l’autre, le reste de la classe politique ainsi que les syndicats qui font campagne pour le «oui». Derrière cette apparente polarisation se cachent en réalité des débats internes passionnés et passionnants, qui rendent mieux compte de la multitude et de la complexité des enjeux. Une fois hostilement opposée, l’autre favorable, puis à nouveau opposée: l’UDC elle-même a hésité. En fait, ce n’est là que le reflet d’une lutte de tendances et d’intérêts intestins. Populiste et xénophobe, le «non» du premier parti de Suisse s’est finalement imposé face à l’aile financière et entrepreneuriale du parti, pour laquelle la libre circulation des personnes représente une véritable manne de profits. Et on entre de plain-pied dans le débat…

Car à gauche aussi, le «oui» ne fait de loin pas l’unanimité. Les débats qui ont eu lieu depuis 2002 au sein des syndicats et de la gauche (institutionnelle ou non) ont fait éclore des minorités opposées à la libre circulation des personnes, mais bien entendu pas pour les mêmes raisons que l’UDC. Parfois réprimées, le plus souvent minorisées, ces voix discordantes ont fini par être éclipsées par les consignes de vote officielles données par leurs formations respectives, laissant finalement une partie de l’extrême-gauche partir seule dans la bataille du «non de gauche» lors de la première votation sur les Bilatérales en 2005. Aujourd’hui, à l’heure de la votation de février 2009, c’est précisément de ces positions cristallisées derrières les mots d’ordres des partis et de ces dissidences partisanes que nous souhaitons prendre de la distance et de la hauteur. Loin des positions dogmatiques, mais loin aussi de l’aveuglement béat: c’est ainsi que souhaite se définir ce numéro. Ce n’est qu’en rendant compte au maximum des arguments pour et contre, même minoritaires, que nous serons tou•te•s plus à même de fonder une réflexion sur ce qui s’annonce comme l’un des objets de votation majeurs de ce début de XXIe siècle.

Le socialisme se veut international, et se doit d’être internationaliste. En ce sens, l’idée-même de libre circulation des personnes par-delà les frontières doit être défendue dans l’absolu. Mais l’internationalisme que nous défendons n’est pas celui de la globalisation économique, de la libéralisation du marché du travail, de la mise en concurrence des travailleur•se•s provenant de pays différents. L’internationalisme que nous défendons exige une juste répartition des richesses, sans discriminations d’aucun type. Il exige qu’à travail égal corresponde un salaire égal. Il exige qu’aucune pression ne soit exercée sur les conditions de vie et de travail d’une population donnée au bénéfice d’intérêts «supérieurs».

L’UE actuelle ouvre-t-elle une porte à de telles conceptions? La libre circulation des personnes met-elle les travailleur•euse•s de tous les pays sur un pied d’égalité, ou sert-elle les intérêts du Capital, dont ils/elles ne sont que des acteurs de seconde zone? Les mesures d’accompagnement représentent-elles une couverture suffisante contre les risques de dumping social et salarial? Et quelles pistes alternatives peuvent être explorées sinon? Toutes ces questions, que nous tentons d’aborder dans ces colonnes, impliquent que l’on se penche sur l’enjeu premier pour la gauche que pose la libre circulation des personnes, soit le bien-être de milliers, de millions de travailleur•euse•s. En Suisse comme dans le reste de l’Europe. Il faut donc tout faire pour le défendre au mieux. C’est là notre conception de l’internationalisme.

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