0

Politique d’agglomération: premiers succès

Ce n’est pas un hasard si la notion d’agglomération, relativement récente dans le débat politique, a surtout fait son apparition en rapport avec la politique des transports, et plus particulièrement lors du débat animé dont a fait l’objet l’initiative pro-voitures «Avanti» et son contre-projet, à peine moins catastrophique, refusés en 2004. En effet, par leur croissance continue, les agglomérations concentrent des enjeux sensibles en matière de mobilité, avec une augmentation souvent rapide du volume global de mobilité sur un espace disponible restreint. L’un des principaux motifs du refus d’Avanti était qu’aucune solution crédible n’était proposée pour la gestion du trafic d’agglomération, notamment la promotion des transports publics.

Depuis, une prise de conscience a certainement eu lieu, même dans les milieux de droite, quant à l’urgence de prévoir un soutien fédéral conséquent pour éviter un engorgement définitif des agglomérations. Toutefois, les milieux pro-voitures pensent surtout à des ouvrages routiers, montrant ainsi qu’ils n’ont toujours pas pris la mesure du problème. En effet, les bouchons dus à une augmentation massive et non-maîtrisée de la mobilité en agglomération ont des conséquences multiples en matière de santé publique, de protection de l’environnement mais aussi sur le plan économique.

Ceci étant, au Parlement se dessine actuellement la possibilité d’un compromis autour du fonds d’infrastructures, destiné à financer à la fois trois projets ferroviaires urgents (le raccordement ferroviaire Cornavin-Annemasse «CEVA» à Genève, la «Durchmesserlinie» de la gare principale de Zurich et la ligne Mendrisio-Varese au Tessin), une série plus longue d’une vingtaine de projets d’agglomération (routiers, ferroviaires ou trams, comme le M2 à Lausanne), la complétion du réseau des routes nationales et certains projets routiers des régions périphériques. Ce fonds reste terriblement déséquilibré en faveur de la route, mais pour la première fois les recettes issues de la route (notamment les taxes sur l’essence) financeraient des projets de transports collectifs.

L’agglomération genevoise

Pour se rendre compte de la problématique, on peut considérer l’agglomération genevoise, la 2ème de Suisse avec celle de Bâle, derrière Zurich. La gestion de la mobilité y est d’abord complexe en raison de son caractère transfrontalier. De plus, selon les scénarios fédéraux, cette agglomération va connaître la plus forte croissance démographique en Suisse, à savoir entre 20 et 40% d’ici 2040, ce qui est considérable. Or ses spécificités font que cette croissance se fait surtout sur la région frontalière voisine (et dans le canton de Vaud), générant ainsi une mobilité supplémentaire massive. Entre 2000 et 2020, on pense qu’il y aura près de 50% de kilomètres parcourus en plus.

On peut limiter cette augmentation en menant une politique d’aménagement intelligente, mais les arbitrages sont difficiles à trouver. Il est donc indispensable de mener une politique volontariste en matière de transports publics, surtout sur le plan régional. Heureusement, un certain consensus a pu se dégager, qui débouche sur une accélération importante des investissements: Genève inaugure presque une ligne de tram par année. Par ailleurs l’actualisation du vieux projet de raccordement CEVA, qui traversera l’agglomération et la frontière, comblera une lacune vitale entre les réseaux suisse et français pour avoir enfin un réseau régional digne de ce nom.

Aujourd’hui, sur les 40 à 50’000 pendulaires frontaliers, seuls 3% prennent les transports publics, 1% viennent à pied ( !) et le reste en voiture. C’est pourquoi il est urgent de débloquer des moyens, y compris fédéraux, pour le trafic d’agglomération. De ce point de vue, le fonds d’infrastructures en débat au Parlement fédéral, pourrait constituer un compromis acceptable, à la condition que la liste des projets de transports publics inclus dans ce fonds ne soit en aucun cas diminuée. De plus, ce fonds ne doit pas clore le débat; ainsi la 3ème voie ferroviaire Genève-Lausanne doit être planifiée dès que possible, vu la saturation actuelle de ce tronçon.

webmaster@pagesdegauche.ch

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *