Personne n’y croyait, à ce référendum lancé par la gauche romande et quelques associations de personnes handicapées. Les directions du PSS et de l’USS n’en voulaient pas, et les grandes organisations du domaine du handicap étaient divisées sur l’opportunité de partir au combat dans un contexte politique si défavorable.
Pourtant, le référendum, soutenu également par Pages de gauche, a abouti avec plus de 66’500 signatures valables. Et lorsque vous lirez ces lignes, la campagne unitaire contre la 5e révision de l’AI aura déjà commencé. Soutenue par l’ensemble de la gauche, des syndicats et la quasi-totalité des organisations de personnes handicapées, qui s’y investissent massivement. Soulignons en outre qu’aucune organisation du domaine du handicap ne fera campagne pour cette révision.
Et pour cause: ce qui réunit cette mosaïque de partis et associations allant de l’extrême gauche à des organisations institutionnelles en mains bourgeoises, c’est la conviction que la révision proposée non seulement ne tient aucune de ses promesses, mais serait en outre catastrophique pour les personnes concernées. Enfin, cette révision représente un démantèlement sans précédent des droits sociaux de l’ensemble de la population.
Tromperie sur la marchandise
Une révision alibi, tout d’abord. D’une part parce qu’elle prétend faire primer la réinsertion sur la rente. Un objectif louable, quoiqu’à la base de l’assurance depuis sa création en 1960 déjà. En réalité, toutes les personnes handicapées qui le peuvent ne demanderaient pas mieux que de travailler. Mais à l’heure actuelle, le monde du travail exclut et rend malade plus qu’il n’est apte à intégrer. Quelle hypocrisie de faire porter tout le poids de la réinsertion sur les travailleurs et travailleuses laissés sur le bord de la route au lieu de soutenir les employeurs qui font des efforts et de sanctionner ceux qui jettent les personnes handicapées!
Une tromperie sur la marchandise aussi parce qu’on prétend contribuer à l’assainissement de l’AI par des coupes qui ne sont en fait que de simples transferts de charge. Par des mesures censées lutter contre des abus en réalité isolés, qui ne feront que pénaliser celles et ceux qui ont besoin du soutien financier de l’AI. En réalité, la droite entretient depuis des années le déficit de l’AI pour pouvoir mieux justifier le démantèlement de l’assurance. Encore aujourd’hui, aucune recette nouvelle n’est en vue.
Ça n’arrive pas qu’aux autres
Mais la révision n’est pas seulement trompeuse. Elle sera douloureuse pour les personnes handicapées, en particulier celles exclues du monde du travail et dépourvues de deuxième pilier. Les restrictions prévues toucheront de plein fouet les personnes devenues invalides jeunes et les couples d’un certain âge qui vivent souvent avec moins de 2’000 francs par mois. Elles devront de plus en plus recourir à l’assistance et aux prestations complémentaires. Et on sait que les barèmes d’assistance sont eux aussi menacés par les restrictions budgétaires.
Enfin et surtout, il faut rappeler qu’un handicap, ça n’arrive pas qu’aux autres. Or cette révision signifie avant tout une nouvelle tentative de démontage par la droite bourgeoise d’une assurance sociale, autrement dit le démantèlement des droits sociaux de l’ensemble de la population. Pour celui ou celle qui se retrouverait victime du sort ou de la dureté du monde du travail, cela signifierait en fait simplement: ni intégration, ni rente. Et demain, ce sera à l’AVS qu’on s’en prendra. Autant de raisons de soutenir la campagne et de se mobiliser le 17 juin! C’est ainsi qu’une victoire est toujours possible.