Rarement pris en considération par les économistes du point de vue de sa contribution à la croissance économique, le service public contribue de manière significative à la prospérité du pays.
Que n’a-t-on pas entendu sur l’inefficacité du secteur public dans la bouche des milieux patronaux, des députés bourgeois ou des médias en général: inefficace, rigide, bureaucratique, coûteux, entravant l’esprit d’initiative privée et la croissance économique. La droite souligne également que la Suisse serait en retard par rapport à l’Union européenne en matière de libéralisation et de privatisation. Pourtant, ces critiques, de même que les demandes de privatisation sont largement injustifiées.
Une étude mandatée par la Communauté d'action pour le service public (voir encadré ci-dessous) auprès du centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich sur la contribution économique des services publics à la croissance en Suisse, vient largement démentir le discours unilatéral de la droite. A l’encontre de ces préjugés, l’étude de l’institut zurichois souligne les apports multiples des services publics aussi bien pour l’efficacité de l’économie, comme pour la prospérité générale du pays.
Des infrastructures indispensables
D’un point de vue général, les économistes zurichois mettent tout d’abord en évidence que l’impact négatif de la quote-part de l’Etat (ensemble des dépenses publiques, incluant les assurances sociales, par rapport au PIB, produit intérieur brut) sur la croissance économique n’est pas du tout vérifiée. Certains Etats, dont les pays scandinaves, réussissent à combiner charges fiscales élevées, politiques sociales généreuses et croissance économique.
En comparaison internationale, la quote-part de l’Etat en Suisse reste plutôt faible, même si elle a progressé ces dernières années en raison de l’augmentation des dépenses sociales et de la faible croissance économique. La part du service public représente environ 22% du PIB; la proportion du nombre d’employés du secteur public par rapport à l’ensemble des emplois est similaire. Même si la «taille optimale» du service public est difficile à mesurer selon des critères économiques, il apparaît clairement que les services publics en Suisse ne représentent pas une entrave à l’activité économique, bien au contraire.
Les économistes du KOF attestent également de la qualité des infrastructures suisses, qui permettent de favoriser les activités du secteur privé. De tels services performants, que ce soit dans le domaine de la formation ou de la santé, dans les transports ferroviaires, en matière de production et de distribution de l’électricité, de télécommunications ou du réseau postal, représentent un apport considérable pour l’économie suisse.
Des prestations pour le plus grand nombre
L’appréciation des services publics ne saurait cependant se réduire uniquement à des critères économiques, comme son efficacité ou sa contribution à la croissance. Ils sont également les garants d’une meilleure justice sociale et d’une prospérité partagée pour l’ensemble des habitants. Ils contribuent ainsi à la cohésion nationale entre les régions du pays ainsi qu’à l’octroi de prestations en faveur du plus grand nombre.
De par sa contributions au bien-être de la population suisse et à la croissance économique, le service public représente un élément un développement social et économique harmonieux, et pas uniquement basé sur la recherche du profit. Les services publics sont aussi beaucoup plus attentifs à la préservation de l’environnement que le secteur privé, axées sur la maximisation de leurs bénéfices et ne tenant pas compte des coûts occasionnés en matière écologique.
Les prestations de service public se doivent d’être mieux mises en valeur et il est central de mieux sensibiliser la population à sa contribution à la prospérité du pays, et donc de battre en brèche le discours des milieux patronaux sur l’inefficacité du secteur public. Enfin, la «politique des caisses vides» de la droite représente une réelle menace pour l’avenir des services publics. En baissant les charges fiscales, elle a pour effet d’accroître les déficits et la dette publiques pour dans un deuxième temps justifier la remise en cause les prestations publiques en raison de leurs coûts, conduisant ainsi à la détérioration de la qualité des services publics.