Après vingt ans d’application des recettes néo-libérales et de discours unilatéral contre le secteur public, coupable de tous les maux, les impasses et les échecs du «tout au marché» deviennent de plus en plus flagrants. Ces régressions se sont généralement traduites par des diminutions de prestations aux usagers ou par une remise en cause des conditions de travail des salariés du secteur public. Qu’on en juge: forte progression du prix de l’électricité depuis la libéralisation et privatisation du secteur, détérioration des prestations en faveur des usagers au nom de la réduction des coûts, la catastrophe du fonctionnement des transports ferroviaires en Angleterre,…
Face aux échecs de plus en plus flagrants des solutions néo-libérales, les valeurs et les principes doivent être réaffirmées avec force. Plusieurs signes mettent en évidence de nouveaux espoirs de refondation du service public et renforcement de celui-ci.
Refonder le service public
Les contours du service public sont difficiles à identifier. Ils renvoient à de très nombreuses activités des collectivités publiques. On considère généralement que l’intervention de l’Etat se justifie lorsque les mécanismes de marché s’avèrent incapables de produire ces prestations auprès de la population. Cependant, la délimitation entre ce qui relève des collectivités publiques ou des acteurs privés, dépend toujours d’un choix politique.
L’idée de service public recouvre ainsi de nombreuses activités, qui vont de la défense, de la police jusqu’aux prestations sociales, en passant par des activités de réseau (télécommunications, poste, électricité, distribution de l’eau et du gaz). Ces tâches concernent les activités traditionnelles de l’Etat. Mais, l’Etat peut aussi, par des mesures de nationalisation, prendre le contrôle de certaines entreprises privées, pour favoriser le développement économique, qui doit bénéficier à l’ensemble de la population et pas uniquement à ceux qui contrôlent les entreprises.
Pourquoi les services publics contribuent-ils mieux au bien-être de la population que les mesures de privatisation et restructuration au nom de la réduction des coûts? Ils permettent une meilleure prise en considération des besoins et des attentes des usagers.
Dans un contexte marqué par la globalisation économique et par la progression des inégalités, les valeurs et les principes à la base du service public doivent d’être réaffirmés et précisés, en tenant compte des spécificités des différents secteurs d’intervention des collectivités publiques. Pour préserver la cohésion de la société, entre les plus privilégiés et les moins bien lotis de la société, entre les différentes régions du pays, entre les biens portants et les malades, le service public reste le meilleur instrument pour contrebalancer les logiques inégalitaires et individualistes du marché capitaliste.