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Les inégalités sociales persistent et s’accentuent

Depuis une quinzaine d’années, les inégalités de revenus progressent à nouveau dans les pays industrialisés.

Les antagonismes de classe à travers l’existence de catégories sociales relativement homogènes et antagonistes, telles qu’on pouvait les observer au XIXe siècle à l’époque du capitalisme sauvage triomphant, se sont atténuées durant le XXe siècle à travers l’essor de l’Etat social et de la fiscalité progressive durant la période d’après-guerre. Cette dynamique a donné lieu à une stratification sociale plus complexe et moins inégalitaire. Pourtant, les principaux mécanismes de redistribution des richesses dans nos sociétés, à savoir la fiscalité progressive et les politiques sociales, sont de plus en plus remis en cause depuis une vingtaine d’années.

Le retour des classes sociales?

Depuis l’effondrement des régimes communistes et l’accélération de la mondialisation des échanges économiques, on assiste à une évolution inverse à celle de la majeure partie du XXe siècle, et les inégalités sociales recommencent à s’accentuer dans les pays industrialisés, ainsi que vis-à-vis des pays du Sud.

Ainsi, la très libérale OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement Economiques) le reconnaissait dans un récent rapport en soulignant que, même si les richesses des pays de l’OCDE avaient progressé au cours des dernières années, «l’intensification des échanges commerciaux lors de ces dernières décennies a augmenté à la fois les inégalités de salaire et la précarité des travailleurs de l’OCDE». Même si l’Etat social permet d’atténuer les disparités sociales, celles-ci ne cessent de progresser de manière structurelle depuis quelques années en raison de la forte progression des revenus du capital, des hauts salaires et de la stagnation des salaires de la majorité de la population.

Et en Suisse ?

En Suisse également, sous l’effet de la stagnation des salaires et de la progression fulgurante des revenus du capital, on assiste à un accroissement des inégalités. Ce renforcement des disparités sociales se répercute également au niveau de la répartition de la fortune au sein de la société. Depuis 1991, la fortune des personnes physiques a quasiment doublé, passant de 530 milliards en 1991 à près de 1’000 milliards de francs en 2003 (tableau ci-dessous). Même en tenant compte de l’inflation, la progression est considérable.

En 2003, 3.7% des contribuables concentraient 54% de la fortune suisse; 0.38% près de 27%. Par rapport à 1991 (0.29% «ne détenaient que» 19% de la fortune), la concentration de la fortune s’est accentuée parmi les plus riches de la société. A l’autre bout de l’échelle, les contribuables qui disposaient d’une fortune inférieure à 100’000 francs (la première ligne du tableau, soit 74% des contribuables en 1991) détenaient 10% de la fortune totale en 1991; en 2003, cette catégorie de contribuables, un peu moins de 70%, ne disposait plus que de 5.6% de la fortune totale. Pourtant, ces chiffres sous-estiment encore la réalité. En effet, certains éléments de la fortune ne sont pas pris en considération dans la statistique et les immeubles sont recensés selon leur valeur fiscale cantonale, alors que la valeur vénale est généralement beaucoup plus élevée. D’autre part, ils se basent sur les déclarations d’impôt; or, il est connu que les grosses fortunes sont très bien conseillées pour faire valoir toutes les astuces afin de minimiser leurs charges fiscales.

 

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