Le 24 juin à Delémont, le PS Suisse adoptait son nouveau programme économique. Retour sur les débats.
On ne prend pas les mêmes et on recommence
Mais la direction du PS ne pouvait se priver dun tel document plus longtemps. Le PS, de plus en plus suivi sur ses thèses économiques (paquet fiscal, investissements dans la formation, travail des femmes), se devait de disposer dun programme cohérent en la matière. Début 2004, le débat sur le dépassement du capitalisme reprend de lampleur avec le projet de refonte du programme du parti. Le PS craint de semballer dans un débat trop fondamental pour lui et relance lélaboration du programme économique. Valable pour les 10-15 années à venir, il est calibré pour répondre concrètement aux enjeux daujourdhui et évite la division sur les perspectives à plus long terme qui font toujours peur à une frange importante du PS en Suisse alémanique.
Additionner les propositions pour ne pas diviser le part i
Linitiative du PSS est habile. Là où il commettait lerreur de donner les rênes de la politique économique du parti à une tendance, la stratégie fut cette fois-ci bien plus démocratique et devint celle de linclusion. Effet pervers: le programme sétend sur plus de 150 pages dont on peine à tracer les axes forts et bien difficiles à résumer ici. Il y a donc autant davis sur ce programme économique que de lecteurs. Sans nul doute, il na pu aboutir que parce que lon a contourné lobstacle de la synthèse. En parallèle, la perspective économique du PS tend à lexhaustivité Difficile de trouver après ce passage devant lassemblée des délégué-e-s un thème oublié. Et tant mieux!
La gauche gagne un peu… mais pas assez
La gauche du parti ne peut être fière de ce programme, mais elle peut «vivre avec». La socialisation, la démocratisation, la redistribution des richesses restent des notions trop marginales dans ce programme. Point positif: les jeunes socialistes ont étonnamment pu graver dans lintroduction dun programme dans lensemble très pragmatique le fait que la perspective du dépassement du capitalisme devait rester le but programmatique du PS. Cest une victoire détape importante en vue du débat sur le programme du parti. Les PS romands ont pu graver dans le marbre lopposition à toute libéralisation et toute privatisation en matière de services publics avec lappui du Comité directeur. Le programme reste trop frileux en matière de démocratisation de léconomie et la logique de marché séduit encore trop de socialistes en ce qui concerne des secteurs comme lagriculture, fait symptomatique dun parti sidentifiant aveuglément à la défense des consommateurs-trices plutôt quà celles des salarié-e-s. Tant dans le processus damendement quà lassemblée même, la gauche du parti reste toutefois la principale force de proposition sur le thème économique, symbole réjouissant alors que les attaques contre les travailleuses et travailleurs se font dautant plus vives.
Avec son nouveau programme économique, le PS Suisse veut «civiliser» léconomie et fait preuve dun réformisme prudent. Dans limmédiat, il fixe à léconomie pour but de garantir le plein emploi et la croissance. Cest légitime mais cest oublier que léconomie nest quun instrument pour un but bien plus important: permettre aux hommes et aux femmes de vivre dans une société juste, dans légalité et non léquité, un monde du travail qui permet à ses membres de sépanouir dans leurs activités. Mais, au fait, le capitalisme permet-il une telle société? Le PS Suisse risque de faire d«Agir maintenant, réfléchir plus tard» sa nouvelle doctrine.
Le projet de programme économique peut être téléchargé sur www.pssuisse.ch