Editorial du n°74 de Pages de gauche, janvier 2009
En Suisse, l’idéologie du consommateur et de sa défense reste une des armes favorites de la bourgeoisie pour justifier l’étranglement de l’agriculture. Les paysan-ne-s en ont encore fait la triste expérience récemment en subissant une baisse de 9 centimes par litre de lait. Les deux grands distributeurs ont d’ores et déjà annoncé qu’ils baisseraient en conséquence le prix en magasin. Que cette annonce vienne au même moment des deux géants ne surprend plus personnes et surtout pas la commission de la concurrence… Passons.
Tous les organes de presse au service de la classe dominante se réjouissent donc : cette baisse phénoménale permettra assurément de relancer la consommation. Sauf que dans la réalité pour un ménage cette baisse signifiera une économie mirobolante de 2 ou 3 francs par mois, tandis que pour le producteur elle pourra signifier une perte en centaines, voire en milliers de francs. Ceci alors que les marges des intermédiaires ne diminuent pas, elles.
En réalité, l’agriculture suisse a déjà été sacrifiée par les élites économiques de ce pays depuis bien longtemps. La transformation des exploitations sur un mode industriel est une réalité avérée, et les paysan-ne-s suisses sont soumis-e-s aux contraintes de la loi du marché. Cette nouvelle baisse du prix du lait aggrave la crise sociale que connaissent les petites et moyennes exploitations. Lorsque celles-ci auront disparues, la Suisse sera obligée d’importer son lait. Un comble !
Pourtant, jamais l’attention n’aura été aussi grande face aux enjeux de la crise écologique et de la crise alimentaire mondiale. La nécessité de maintenir une agriculture paysanne, écologique et proche des habitant-e-s semble évidente. Pour les paysan-ne-s, comme pour les soi-disant « consommateurs », la solution à ces crises ne peut plus venir de la droite et de ses recettes libérales.