0

Le juteux marché de la faim

Début 2008, ce spectacle que beaucoup croyaient révolu est à nouveau présent des émeutes de la faim. L’augmentation faramineuse du prix des biens alimentaires de base crée une situation dans laquelle des millions de personnes ont faim. Ils viennent s’ajouter aux 950 millions déjà sous-alimentés.

La crise alimentaire mondiale nous oblige à réfléchir sur les structures économiques de notre société. Car cette crise n’est pas le résultat d’une pénurie, d’un manque réel de nourriture ou de terres agricoles, elle est d’abord une crise des politiques commerciales et agraires capitalistes, ainsi que de la distribution des biens alimentaires.

Du coté de la demande, l’élévation du niveau de Emeute de la faim à Mexicovie dans certains pays comme la Chine ou l’Inde conduit à une augmentation de la consommation de viande, qui est particulièrement gourmande en céréales. Mais cet accroissement de la demande n’a un effet important que parce qu’elle s’ajoute aux niveaux extrêmement élevés atteint par les pays dits «développés». La surconsommation du Nord est une cause de la famine au Sud.

C’est du côté de l’offre surtout qu’il faut chercher les principales causes de la crise alimentaire. D’abord dans la répartition inique des moyens de production (la terre, les outils agricoles, etc.) à l’échelle de la planète. Les petits paysans, souvent sans terre, sont les premières victimes de la faim dans le monde. Les politiques commerciales imposées par les organisations internationales ont conduit à des politiques absurdes tant sur le plan social qu’écologique, détruisant l’agriculture vivrière et imposant la monoculture de produits d’exportation (café, par exemple)… Résultats: des pays comme les Philippines ne produisent plus assez de riz pour nourrir leur population. Et subissent aujourd’hui de plein fouet la hausse des prix des matières premières. A cela s’ajoutent des mauvaises récoltes dues aux conditions climatiques, mais aussi une tension qui commence à exister du fait de l’utilisation des terres pour produire des agro-carburants: les voitures plutôt que la nourriture.

Dans la perspective du capitalisme mondialisé, le but d’un producteur est de générer le maximum de profits sur le marché international. Il agira donc indépendamment de la demande vitale de certains biens à l’intérieur de son pays. C’est ce qui se passe actuellement dans le domaine de l’agriculture, qui, à l’échelle mondiale, est organisé selon une stricte logique capitaliste. La production alimentaire ne vise pas à satisfaire des besoins humains, mais est un simple secteur d’activité économique. Il est d’ailleurs particulièrement rentable si l’on en croit les statistiques qui montrent une forte augmentation des profits des multinationales de l’industrie agro-alimentaire. Les opérateurs financiers ne s’y trompent pas non plus qui interviennent désormais sur le marché des biens alimentaires dans une optique spéculative: le profit plutôt que la nourriture.

Les raisons qui amènent à cette crise risquent donc fort de se prolonger à l’avenir. Ceci ne rend que plus nécessaire une reconstruction du système agricole au niveau mondial: celui-ci doit replacer au centre de ses priorités l’alimentation de la population . Une reconnaissance de la souveraineté alimentaire est un premier pas dans cette direction: elle permet de protéger les agricultures vivrières et rend aux gouvernements nationaux un «espace d’autonomie» en matière d’agriculture. La reconstitution de stocks publics de nourriture afin de lutter contre les famines, en régulant le niveau des prix, est également une priorité, pourquoi pas au niveau international sous l’égide des Nations-Unies? Un moratoire sur les agro-carburants, comme proposé par Jean Ziegler, semble également nécessaire dans l’immédiat. A plus long terme, la réforme agraire reste l’objectif, pour un monde plus juste, qui arrive à nourrir ses habitants.

webmaster@pagesdegauche.ch

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *