En effet, si lon estime que lentreprise est un moyen de production de richesses, via le travail qui y est effectué, on doit alors estimer que lobjectif du propriétaire de cet outil est de maximiser la création de richesses.
Toutefois, on peut noter deux cas particuliers. Le premier est celui où une entreprise choisit de supprimer lune de ses parties pour optimiser lensemble, par exemple via une délocalisation. Dans ce cas, une suppression de richesse au niveau local est censée générer une quantité de richesses supérieures pour lensemble de lentreprise. Le second cas est celui où la direction dune entreprise décide de supprimer des richesses, de manière locale comme au niveau de lensemble, parce que certains individus, dont la direction en question, bénéficieront marginalement de cette suppression, pouvant aller jusquà la destruction de lentreprise. Une telle action, si elle est tolérée par notre système juridique, est contraire à son esprit, et sassimile à une sorte de rapine. Martin Hellweg, le CEO de Swissmetal, est un exemple de ce dernier cas.
9% de rentabilité
Ainsi, il propose une stratégie consistant, en résumé, à étendre le Swissmetal via des acquisitions (très douteuses dailleurs). De plus, il tue à petit feu la Boillat, pourtant seule unité de production véritablement rentable du groupe, en voulant, notamment, fermer sa fonderie. Lun des ses rêves est dimplanter des usines Swissmetal en Asie. Enfin, Martin Hellweg force les travailleurs de Swissmetal a accepter des conditions de travail toujours revues à la baisse (abandon de la CCT, engagement dintérimaires, etc.). Il sagit donc dune politique à court terme, fondée sur la seule volonté de parvenir rapidement à ces 9% de rentabilité, en faisant fructifier au maximum, et sur peu de temps, les avantages concurrentiels du groupe. Si ces 9% étaient atteints, laction de Swissmetal monterait à des niveaux garantissant à Martin Hellweg une bonne plus-value, et il pourrait se tresser les lauriers du sauveur dentreprise, avant de sen aller avec quelques gratifications supplémentaires. Une autre hypothèse est celle de la vente du groupe à une autre entreprise, lui garantissant elle aussi une fin de mandat dorée. Une dernière hypothèse (qui sest produite, et pas par hasard, quand il dirigeait Keramik Laufen) est la vente du groupe à bas prix, alors que ce dernier est dans une situation difficile. Là encore, lacheteur saurait remercier Martin Hellweg pour ses services. Ainsi, quel que soit le cas de figure, laction de Martin Hellweg savérerait payante, mais uniquement pour lui et quelques uns de ses sbires.
Destruction industrielle
Au niveau industriel, les choses se passeraient autrement car les avantages de la Boillat (un savoir-faire de haut niveau et des produits uniques), dont profitait tout le groupe ne seraint plus reconduits. Il resterait une coquille vide. Jajoute encore que ladite stratégie est menée dune manière tellement catastrophique que jamais il ne sera possible à Swissmetal de dégager les 9% de rentabilité promis. Les erreurs de management (déplacement de la fonderie de la Boillat sans étude préalable, licenciements aberrants, démotivation du personnel, etc.) sont trop graves.
On peut donc conclure que chez Swissmetal, nous assistons au sacrifice de la Boillat, puis de lensemble du groupe, au nom dun profit qui ne viendra jamais. Il sagit là dune destruction pure et simple de richesses, pour quun CEO on ne peut plus malhonnête arrache quelques centaines de milliers de francs au passage. Un autre profit sera celui de lusine Busch-Jaeger, concurrente malheureuse de la Boillat, qui aura alors supprimé son concurrent, et récupéré sa clientèle.