Qu’on se le dise : cette révision ne sauvera pas plus l'équilibre financier que la réintégration ! En réalité, au lieu de s’attaquer aux causes de l’augmentation des rentes, le Parlement a entrepris le démontage d’un pan fondamental de la sécurité sociale. Il s’agit d’un pur plan d’économies adopté par une droite servile – comme toujours – ensuite de la campagne nauséabonde et discriminatoire de l’UDC contre les soi-disant « faux invalides ».
Alors que l’objectif de réduction du nombre de nouvelles rentes est en fait déjà atteint – grâce entre autres à la fixation de quotas maximums de rentes à accepter, la notion juridique d’invalidité a été redéfinie de manière restrictive. Cette redéfinition nous ramènerait à une définition purement médicale de l’invalidité et serait discriminatoires pour les personnes avec handicap psychique.
En outre, des mesures d’économie telles la suppression du supplément de carrière et le transfert dans le régime de la LAMal de la prise en charge des mesures médicales de réadaptation, non seulement précariseront les personnes concernées, mais représentent en réalité de simples reports de charge sur les prestations complémentaires, respectivement l’assurance-maladie et les assuré-e-s. Avec tout ce que cela implique en termes de franchises et de quotes-parts à leur charge.
En outre, le système de détection précoce imposé par la droite se réduit à un attirail purement répressif et complètement inefficace. Les médecins, les employeurs, les assureurs et les personnes faisant ménage commun auront l’obligation de dénoncer les personnes qui présentent un risque d’invalidité. Les prestations pourront être réduites si l’ayant droit ne s’est pas annoncé à temps et n’a pas fait tout ce que l’on peut raisonnablement exiger de lui, une notion extrêmement vague.
En revanche, bizarrement, rien n’est prévu pour sanctionner les abus patronaux, ni même pour inciter et aider les employeurs qui prennent leurs responsabilités. Ainsi, l’économie continuera de se défausser sur l’AI et de nombreuses personnes resteront exclues du monde du travail.
Enfin, le financement complémentaire a été repoussé par la droite aux calendes grecques, alors que l’AI est dans une situation catastrophique.