Introduction au dossier sur l’utopie

La rédaction •

Avec la sortie du numéro 189 de Pages de gauche dont le dossier est consacré au à l’utopie, Pdg publie en libre-accès l’introduction de ce dernier afin d’en donner un aperçu. Pour recevoir le numéro en entier et soutenir une presse de gauche indépendante, abonnez-vous!


Il faut rompre avec une idée reçue : l’utopie ne peut se résumer à une fuite de la réalité dans le monde de l’imaginaire et de l’irréalisable. Bien souvent, se faire traiter d’« utopiste » signifie manquer de réalisme, être « rêveuse·eur » ou « idéaliste ». Pourtant, l’utopie a une longue histoire, qui la place du côté des propositions les plus radicales de transformation des sociétés.

Écrire des utopies peut avoir des incidences bien concrètes, tant au niveau politique, artistique, anthropologique qu’économique ou social, car les grandes utopies ont inspiré bon nombre de transformations au cours de l’histoire. L’étymologie première de ce terme inventé par Thomas More, «utopie» pour u-topos, le non-lieu, renferme un second sens, eu-topos, le lieu du bonheur. Ce double sens permet une lecture critique des sociétés dans lesquelles les utopies sont produites. Ainsi, l’utopie part du réel, elle pose des solutions dans l’imaginaire, mais propose en retour de réfléchir sur le présent d’une société, à partir de cet autre possible.

Ce dossier cherche à questionner différents aspects des utopies politiques et littéraires. On proposera ainsi des lectures de quelques utopies plus ou moins célèbres, à commencer par la première d’entre elles, celle de More, mais aussi des textes plus récents comme Black Utopia, les romans d’Ursula Le Guin, d’autres plus incongrus comme l’utopie écologique de Gorz ou encore une utopie féministe du début du XXe siècle, Herland.

Ce numéro s’intéresse également à un autre genre, proche mais distinct de celui de l’utopie, qui est la dystopie. Là encore, un bel exemple tiré de la littérature écoféministe, Viendra le temps du feu, permet d’illustrer ce genre. Tout comme l’utopie, certaines dystopies — ou les plumes qui les rédigent — méritent d’être questionnées. C’est notamment le cas du célèbre auteur Alain Damasio. Enfin, les nombreuses discussions autour de ces thèmes ont inspiré plus d’un·e, c’est pourquoi la rédaction de Pages de gauche vous propose en conclusion du dossier sa propre tentative de pensée utopique.

Cet article a été publié dans Pages de gauche n° 189 (automne 2023).

Crédit image: ETH-Bibliothek sur Wikimedia Commons

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