Depuis quelques années, la Chine est devenue le «nouvel atelier de la planète», concentrant une main d’œuvre de plus de 700 millions de personnes et représentant la plus importante production industrielle de la planète.
Cet essor de la Chine comme grande puissance économique s’est appuyé sur des investissements étrangers, qui ont afflué parallèlement à l’ouverture économique du pays, sur des conditions salariales et de travail exécrables pour la main d’œuvre chinoise et sur la répression par l’Etat central de toutes les formes de résistance des ouvriers indépendantes de l’Etat. Le revers de la médaille des taux de croissance à deux chiffres de la Chine réside bien dans l’exploitation de la main d’œuvre, soulevant des enjeux qui vont bien au-delà de la seule Chine, mais a des répercussions sur l’ensemble de la planète.
Un capital de plus en plus mondialisé
Les principaux bénéficiaires de ce nouvel atelier mondial sont les grandes multinationales, qui peuvent délocaliser une partie de leur appareil de production (la moins sophistiquée) ou sous-traiter à des entreprises chinoises pour produire à moindre coût. Dans un capitalisme de plus en plus globalisé, les différences de niveaux de développement, de salaires et de conditions de travail permettent aux grandes entreprises de mettre en concurrence les salarié-e-s de l’ensemble de la planète. Ils peuvent ainsi faire pression sur les salaires, sur le droit du travail des pays du Nord en menaçant de délocaliser leur production vers les pays du Sud, en particulier en Chine.
Alors que les représentants patronaux n’hésitent pas au Nord à tenir des discours en faveur du développement durable et du respect de certaines conditions sociales minimales dans les pays du Sud, ces mêmes milieux sont les premiers à contester l’amélioration des conditions de travail dans les pays du Sud et n’hésitent pas faire du lobbying pour empêcher ces progrès sociaux.
Ces nouvelles réalités du capitalisme globalisé interpellent les organisations syndicales, qui doivent apporter des réponses nouvelles en phase avec ces changements. Cela concerne prioritairement les organisations syndicales, mais également les partis de gauche et les œuvres d’entraide.
Un changement d’échelle des luttes
Au-delà des slogans pour une «mondialisation sociale et écologique», la lutte pour l’amélioration des conditions de travail et des salaires doit passer par le développement de nouvelles stratégies des organisations syndicales, partisanes et associatives défendant les intérêts des travailleurs. Celles-ci doivent se baser sur une meilleure coordination entre ces différentes organisations et se déployer sur différents niveaux d’action, de l’entreprise jusqu’aux principales organisations internationales.
Tout d’abord, les organisations, actives à l’échelon national et/ou international, doivent mieux se coordonner et coopérer. Il convient en particulier de favoriser les convergences d’action de ces associations et les collaborations entre les organisations nationales, les fédérations syndicales internationales, les partis politiques de gauche et les associations caritatives agissant pour l’amélioration des conditions de travail des salariés. D’autre part, l’action des différentes organisations doit porter du terrain le plus local au sein des entreprises jusqu’au niveau le plus mondialisé des multinationales ou au sein des organisations internationales, comme l’OMC ou l’OIT, en passant par des campagnes de sensibilisation qui jouent un rôle décisif dans la définition des règles du jeu de l’économie mondialisée.
La mise en place de stratégies internationales coordonnées n’a fait que gagner en importance ces dernières années. La création de la Confédération syndicale internationale allait dans cette direction, mais elle reste insuffisante face à l’ampleur des défis. Il convient de consolider ces actions. C’est la seule manière pour faire progresser la cause des plus démunis au Sud, mais également d’empêcher la détérioration des conditions de travail et de salaires dans les pays du Nord.