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CCT: Stratégies et mobilisations syndicales

Le contenu des CCT dépend directement du rapport de force entre syndicats et patronat. Les syndicats doivent donc présenter des programmes ambitieux d’amélioration des conditions de travail pour gagner en lisibilité et avoir une position de force.

Devant la quasi impossibilité de modifier la législation en faveur des salarié-e-s, la conclusion de conventions collectives de travail est, et reste le meilleur outil des salarié-e-s, notamment pour les protéger et faire progresser leurs conditions de travail. On peut donc considérer que la stratégie des fédérations syndicales, consistant à vouloir couvrir le plus grand nombre de salariés au moyen de CCT, est non seulement correcte, mais aussi la plus réaliste en fonction du contexte politique actuel. Il est cependant faux de croire que les CCT sont la panacée pour les salarié-e-s. En effet, le patronat se réjouit de voir les conditions de travail régulées par secteurs et plus par le biais d’une législation commune. La négociation par branche complexifie la tâche des syndicats car ils ne peuvent compter avec facilité sur une forte solidarité interprofessionnelle. La mobilisation de masse en devient difficile. Il serait également erroné d’attendre des CCT qu’elles consacrent un partenariat social harmonieux. La réalité quotidienne nous prouve la dégradation du respect entre les différents acteurs sociaux.

Plus que jamais, il faut garder à l’esprit qu’une CCT est principalement le fruit d’une négociation et découle donc du rapport de force entre les parties contractantes. Une brève analyse du contenu des CCT en vigueur apporte, si nécessaire, la preuve incontestable de l’importance du rapport de force. Le maigre contenu de la CCT pour la branche des services de sécurité n’est que le reflet du niveau d’affiliation des salarié-e-s de ce secteur aux syndicats.

Pour les syndicats, l’établissement du rapport de force passe principalement par deux éléments: le taux d’affiliation et la capacité de mobilisation. Ces deux éléments sont aussi indissociables que primordiaux. Le renouvellement de la CCT des CFF l’illustre à merveille. Avec 70% d’affiliation, le SEV peut s’enorgueillir d’un excellent pourcentage de syndiqué-e-s. Ce taux élevé renforce grandement la légitimité du SEV et a permis d’obtenir le maximum possible dans le cadre des négociations. En revanche, la relativement faible capacité de mobilisation, en Suisse-allemande particulièrement, l’a empêché de mener le combat jusqu’au bout et n’a ainsi pas pu éviter des dégradations des conditions de travail.

Améliorer les CCT

Pour maintenir et surtout pour améliorer le niveau des CCT, il est essentiel que le monde syndical tende le rapport de force. Pour ce faire, en plus du travail déjà entrepris, plusieurs pistes doivent être approfondies. Le manque de coordination intersyndicale représente aujourd’hui une faiblesse du mouvement. Pour améliorer la capacité de mobilisation, on pourrait, par exemple, coordonner les échéances de validité des CCT? Imaginez un instant la dynamique syndicale si l’échéance des principales CCT coïncidaient. Pourquoi ne pas organiser plus d’offensives communes sur le contenu des CCT (vacances, congé paternité, etc.)? Pour élargir leur base, les syndicats devraient sortir du cycle de défense des acquis, peu attractif, et renouer avec des programmes d’amélioration des conditions de travail. Enfin, il faut travailler l’image des syndicats dans l’opinion publique. Aujourd’hui, les partis bourgeois ont réussi à coller cette étiquette de «conservateurs surannés» aux syndicats. L’USS devrait mener au moins une campagne de communication institutionnelle par semestre pour mettre en valeur l’importance d’être syndiqué. La guerre de l’information fait rage et les syndicats ne sont pas en position de force. Il est temps de reprendre la main!

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