Après quatre ans de majorité radicale-UDC au Conseil fédéral, comment apprécier le bilan de la gauche? Des changements sont-ils nécessaires?
Au lendemain de l’élection de Christoph Blocher et de Hans-Rudolf Merz au Conseil fédéral en décembre 2003, le question de la participation des socialistes au Conseil fédéral a été l’objet de débats au sein du PSS (voir Dossier Pages de gauche No 20, février 2004). Comment apprécier la législature écoulée du point de vue de la gauche?
Victoires défensives en 2004 et après?
A peine six mois après l’élection du nouveau Conseil fédéral, la gauche a pu célébrer d’importantes victoires référendaires sur le «paquet fiscal» qui aurait encore allégé les charges fiscales des milieux aisés et sur la 11e révision de l’AVS, qui prévoyait l’élévation de l’âge de la retraite pour les femmes, sans possibilité de retraite flexible. Ces victoires référendaires donnaient ainsi clairement raison aux partisans du maintien des socialistes au Conseil fédéral, en montrant qu’il est possible de concilier participation au gouvernement et opposition victorieuse sur les sujets les plus importants.
Cependant, la suite de la législature a été moins favorable à la gauche, mis à part l’adoption de la libre-circulation des personnes avec les nouveaux Etats-membres de l’Union européenne et le renforcement des mesures d’accompagnement en 2005 ainsi que l’amélioration des allocations familiales adoptées en 2006, suite à une alliance entre la gauche et le PDC. La gauche a subi des défaites sur le durcissement des lois sur l’asile et les étrangers, sur la révision de l’assurance-invalidité, sur la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons, ou encore sur l’initiative pour la caisse unique.
D’autre part, c’est maintenant clairement l’axe radical-UDC qui donne le ton des réformes au gouvernement. Nos représentants au Conseil fédéral ont plus de peine à sortir leur épingle du jeu pour insuffler des réformes importantes. Les propositions en matière sociale ou économique du gouvernement vont toutes dans le sens du durcissement des législations sociales et d’allègement pour les plus aisés.
Quelles perspectives?
Dans ces conditions, la majorité radicale-UDC sera-t-elle reconduite en décembre prochain? C’est ce qui devrait être au cœur de la campagne électorale.
Le principal représentant de l’UDC est devenu maître dans l’instrumentalisation de sa position de conseiller fédéral à des fins partisanes, contribuant à une détérioration des pratiques politiques. Il n’hésite pas à demander publiquement que les conseillers fédéraux s’abstiennent de s’engager dans les campagnes référendaires, alors qu’il fait exactement le contraire. Dans ces conditions, l’UDC, le parti de la manipulation et de l’argent, a-t-elle encore sa place au Conseil fédéral? Poser la question, c’est y répondre…
Il faut donc envisager une alternative à la majorité radicale-UDC. La seule perspective crédible réside dans une alliance entre les centristes du PDC, le PSS et les Verts, qui, il y a quatre ans, avait échoué à quelques voix près à ne pas faire élire Blocher. Cela exigerait de «politiser» l’élection du Conseil fédéral, en passant par la négociation d’un accord minimal entre ces différents partis, et non plus de se contenter d’une concordance arithmétique.
Sur le fond, la reprise économique de ces dernières années a permis une amélioration des finances fédérales. Cependant, cette embellie financière ne doit pas se traduire par un allègement de la fiscalité des plus aisés, comme le demande la droite, mais doit servir à consolider le financement des assurances sociales. Ce sera sans doute un des enjeux majeurs de la prochaine législature…