Ulcérée par la décision de la majorité des directions du PSS et de l’USS, la rédaction de Pages de gauche appelle les partis socialistes et syndicats cantonaux à participer à la récolte de signatures contre la 5e révision de l’AI. Cette réforme s'en prend aux assuré-e-s alors qu'il faudrait responsabiliser le patronat, coupe dans les prestations alors que la réinsertion est le seul moyen d’assainir l’AI. Etat des lieux et propositions.
En réalité, on se demande si le sacro-saint principe de l'AI (« la réintégration prime la rente ») a jamais été autre chose qu'un voeu pieu. Parce qu'au fond, un « vrai invalide », il ne peut pas travailler, on ne peut donc que l'aider. Avant que Blocher ne commence sa campagne de diffamation sur les prétendus « faux invalides », les personnes handicapées étaient simplement regardées ainsi, avec une insupportable (bien que probablement sincère) pitié. Ce n'était pas de leur faute. Puis ces pauvres handicapé-e-s sont devenus revendicatifs. Ils voulaient qu'on applique enfin ce fichu principe. Ils voulaient l'égalité.
Machine à exclure
Ils n'ont récolté, suite au refus de leur initiative, que mesures d'économies et calomnies udécistes. Pendant ce temps, l'AI est petit à petit devenue une machine à exclure. Les « vrais handicapé-e-s » connaissent presque tous des camarades à qui leurs patrons apparemment bien intentionnés ont laissé le choix entre l'AI et le chômage. Mais il y a pire. Celles et ceux qui veulent entreprendre une réadaptation au lieu d’une rente doivent encore en convaincre l'assurance. D’aucuns ont même dû aller jusqu'au Tribunal fédéral !
Mais la peur de se retrouver finalement au chômage et le refus de l'AI de reconnaître telle ou telle formation ont le plus souvent raison des candidat-e-s à la réadaptation. Il n'est ainsi pas rare que des personnes handicapées entreprennent une formation, avec tout ce que cela nécessite comme moyens auxiliaires, sans aucune autre aide financière ni ressource qu'une modeste rente AI.
Au final, même bardés de diplômes, celles et ceux qui cherchent un emploi ont tout loisir de discuter de savoir à quel moment ils doivent mentionner leur handicap pour ne pas se voir écarter d'un poste simplement pour cette raison. Ce n'est pas l'AI qui les conseillera, mais une myriade de fondations, d'organisations d'assistance et autres organismes cantonaux, selon les régions. Il arrive même qu'il y ait concurrence!
Les places sont rares
Toujours est-il qu'outre le secteur protégé et les organismes spécialisés eux-mêmes, les rares places de travail ouvertes aux personnes handicapées sont bien souvent le fait des non moins rares employeurs-euses se sentant encore une « responsabilité sociale ». Et surtout de contacts personnels. Le secteur public ne fait pas exception. Or les objectifs d'intégration et d’assainissement de l’AI pourraient aller de pair, quand bien même la droite est trop bornée pour s'en rendre compte. Les idées ne manquent pas, et certaines, en l'absence de volonté politique au niveau fédéral, pourraient être mises en oeuvre dans les cantons.
Dans la fonction publique, on pourrait, à qualifications équivalentes, donner la préférence à des personnes handicapées tant qu'elles sont sous-représentées dans un domaine. On pourrait aussi mettre en place des voies de recours pour les personnes victimes de discrimination. Dans le secteur privé, on pourrait prévoir des incitations financières et renforcer l'information et le conseil aux employeurs et employeuses.