Votations du 13 février: une bonne dose de victoires et quelques défaites

La rédaction •

Un oui très clair contre la suppression du droit de timbre. Voilà ce qui nous réjouit le plus en ce dimanche de votation globalement bon pour la gauche, mais qui laisse un goût amer avec le refus des mesures d’aide aux médias d’une part, et le vote de Genève qui a suivi le MCG pour adopter de nouvelles restrictions dans l’accès aux logements sociaux d’autre part.


Droit de timbre

Concernant le droit de timbre, la victoire est un signal majeur que la tactique classique de la droite visant à réduire les impôts pour ensuite démanteler l’État semble de moins en moins convaincre. C’est la très bonne nouvelle de ce dimanche de votation. Même en invoquant à tour de bras (et à tort) les PME, la compétitivité de la place financière suisse ou encore la pénalisation des start-ups, la droite libérale n’a même pas réussi à rassembler 40% des votant·e·s. Ce n’est pas anodin et cela doit encourager la gauche à lancer des référendums à chaque fois que la droite cherchera encore à faire baisser les impôts, et en particulier les impôts de celles et ceux qui sont déjà privilégié·e·s par le capitalisme: grandes entreprises, places financières, multimillionnaires et actionnaires. Alors que les signatures pour le référendum contre l’abolition de l’impôt anticipé sur les obligations sont en train d’être récoltées, le résultat clair pour le maintien du droit de timbre donne de l’espoir. Enfin, on note avec un sourire pincé que Zoug, soit le pire des cantons en matière de fiscalité, persiste et signe dans son isolement en soutenant seul l’abolition du droit de timbre.

Le tabac

Dans le havre de multinationales du tabac qu’est  la Suisse, le succès de l’initiative visant à interdire la publicité pour le tabac dans les lieux où des mineur·e·s pourraient les voir est également une bonne nouvelle. Bien que la campagne du oui à l’initiative ait souvent utilisé un ton très moralisant en se donnant pour argument principal de protéger «les jeunes» et leur santé, cette victoire constitue aussi simplement une limitation bienvenue de la publicité dans un grand nombre d’espaces publics. Alors que la privatisation d’espaces visuels à des fins publicitaires pollue toujours autant un grand nombre d’espaces publics, cette nouvelle limitation est à saluer. Nous espérons que d’autres limitations de publicité sont à venir. Rappelons qu’avec un parlement bourgeois, une telle limitation n’aurait pas été envisageable et cette 25e initiative acceptée de l’histoire suisse, constitue une nouvelle preuve pour ceux et celles qui doutent encore que les initiatives populaires puissent aussi être gagnées par la gauche. L’initiative pour les soins infirmiers l’a d’ailleurs aussi  rappelé en novembre dernier.

Soutien aux médias

Alors que l’UDC se prépare à lancer une initiative pour diviser par deux le financement de la SSR, le refus à 54,6% de votant·e·s du paquet de mesure de soutien aux médias constitue un signe important que la gauche devra se mobiliser bien plus vigoureusement pour cette prochaine campagne, si elle veut maintenir un paysage médiatique indépendant de l’influence de quelques grands groupes (Tamedia, Ringier, NZZ-Mediengruppe, etc.). La droite aimant rappeler sans cesse et sans preuve que la SSR serait fortement biaisée à gauche, il est important de rappeler que l’écrasante majorité des médias suisses est étroitement contrôlée par le patronat et qu’il est facile de le démontrer. En dehors de la SSR, et à l’exception du cas spécial que représente Le Temps,  il n’y a que quelques « petits » titres (Le Courrier, la WOZ, etc.) qui ne sont pas détenus par des groupes ou des personnes idéologiquement marqués à droite. L’effet principal de cette situation est une concentration de plus en plus poussée des médias, par la disparition de titres ou des contenus partagés par plusieurs d’entre eux. La diversité des médias, absolument essentielle à la démocratie, se voit ainsi affaiblie.

Expérimentation animale

L’initiative était tellement absurde qu’aucun parti n’a réellement fait campagne contre elle. Sans aller jusqu’à parler de «bon sens» politique, expression trop galvaudée par nos adversaires, force est de constater que la population ne s’est pas laissé prendre à cette initiative mal pensée, mal formulée et mal défendue.

Objets cantonaux

À Genève, nous regrettons l’extension du délai de résidence préalable pour accéder aux logements sociaux. Le canton faisant face à une pénurie structurelle de logements, aggravée par des loyers très hauts depuis plusieurs décennies, il est triste de voir que cette proposition droitière et xénophobe (même pour les résidant·e·s d’autres cantons) a passé la rampe. Malgré l’étroitesse de cette victoire (50,69% de « oui »), le passage de cette loi fait peur.

À Berne, on notera l’échec par référendum de l’introduction d’une taxation dépendant du CO2 et non plus uniquement du poids des véhicules. Cela constitue un rappel de plus que l’écologie verte libérale jouant sur la fiscalisation de la pollution convainc de moins en moins et en particulier dans les campagnes qui ont pesé de tout leur poids dans ce refus bernois. 

Dans le Jura enfin, on saluera la victoire bien méritée et nécessaire de l’initiative du PS exigeant la transparence dans le financement des partis politiques. Il reste maintenant à espérer que les cantons ne prévoyant aucune réglementation en la matière s’en inspirent, tout comme la confédération!

Crédits image: Arnaud Jaegers sur Unsplash.

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