The Green Book

Joakim Martins •


Green Book : Sur les routes du Sud est un film biographique américain triplement oscarisé, sorti dans les salles en 2018, prenant scène aux États-Unis en 1962. Le Docteur Donald Shirley, un pianiste noir de génie originaire de Jamaïque, décide alors d’organiser une tournée de concerts de huit semaines passant notamment par le Sud profond des États-Unis. À cette époque, les lois Jim Crow, un ensemble de lois ségrégationnistes visant à restreindre les droits des personnes afro-américaines, y sévissent toujours. En se faisant acclamer en tant qu’artiste noir, Don Shirley compte notamment faire évoluer les mentalités. Pour mener à bien son projet, il engage Tony Lip, un videur italo-américain raciste, en tant que chauffeur et garde du corps.

Avant de partir, Lip reçoit une édition du The Negro Motorist Green Book, un véritable guide, dont le titre est d’ailleurs à l’origine de celui du film. Ce livre, destiné aux voyageuses·eurs noir·e·s américain·e·s recensait les commerces, hôtels, stations-service et autres établissements acceptant les personnes noires, permettant ainsi à ces dernières·ers d’éviter de mauvaises surprises.

Le film met brillamment en scène les différences de race et de classe des deux personnages. Lip affirme, par exemple, lors d’une dispute, qu’il connaît mieux le quotidien des noir·e·s que Shirley étant donné qu’il a grandi au Bronx, ce qui rend fou de rage ce dernier. Au cours de la tournée, Tony Lip prend peu à peu conscience du traitement discriminatoire subit par son employeur et les deux hommes deviennent progressivement amis.

Le film fut, toutefois, très fermement critiqué par le frère de Don Shirley, qui appela à son boycott. Il accusa notamment le film, d’ailleurs écrit par le fils de Tony Lip, de déformer la réalité. On peut également reprocher au long-métrage d’avoir totalement mis de côté la question du genre. Cependant, malgré toutes les critiques qui peuvent lui être adressées, Green Book demeure une excellente porte d’entrée à la compréhension du quotidien de millions d’Afro-Américain·e·s lors de la période ségrégationniste et, hélas, aujourd’hui encore.

Cet article a été publié dans Pages de gauche n° 177 (automne 2020).

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