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Nous devons gagner AVS+

L’initiative de l’Union syndicale suisse (USS) sur laquelle nous voterons le 25 septembre demande que les rentes vieillesse soient augmentées de 10%, ce qui donnera en moyenne 200 frs de plus par mois pour une personne seule et 350 frs par mois pour un couple. Pour financer cette augmentation de 10%, il faudra augmenter les cotisations salariales de 0,4 point sur la part salariale et de 0,4 point sur la part patronale. Rappelons que les cotisations pour l’AVS n’ont pas augmenté depuis quarante ans et se situent ainsi depuis 1975 à 8,4%, payées paritairement. Seul financement supplémentaire, un pourcent de TVA a été affecté en 1999 au fonds de compensation de l’AVS, ce qui démontre le caractère solide du système.

L’USS l’a rappelé ces dernières semaines, il n’y a pas de raison de paniquer, car le déficit du résultat de répartition de l’AVS l’année dernière était un phénomène attendu et provisoire en raison de la génération des baby-boomers qui partent à la retraite. Les raisons qui poussent certains milieux au catastrophisme sont à chercher ailleurs.

L’AVS un instrument de redistribution et de justice face aux inégalités salariales

Dans la très riche Suisse, pays des assurances et des intermédiaires financiers, 38% des femmes et 19% des hommes à la retraite ne vivent qu’avec l’AVS. Pour ces personnes qui n’ont pas de deuxième pilier (prévoyance professionnelle, LPP) ou de troisième pilier (épargne privée), il y a heureusement des prestations complémentaires (PC), mais qui ne sont versées, comme on le sait, que sur demande et sous conditions. Selon les estimations, quelque 200’000 personnes reçoivent des PC et ce nombre tend à augmenter, notamment du fait du niveau trop bas des rentes AVS pour financer les dépenses de santé ou des séjours en EMS. On ne s’étonnera donc pas que le système des prestations complémentaires soit terriblement sous pression, comme le sont d’autres allocations dans le domaine social.

L’AVS, quant à elle, est une assurance sociale, et à ce titre l’une des plus importantes conquêtes du mouvement syndical. Fonctionnant selon un régime de répartition, les cotisations versées par les patron·ne·s et les assuré·e·s sont directement affectées au paiement des prestations des retraité·e·s. Ainsi, il n’est pas nécessaire de constituer des réserves financières, à l’exception d’une réserve dite de sécurité, le fonds de compensation. Ce financement simple et génial – des cotisations prises sur des salaires non plafonnés, alors que les rentes le sont – a assuré à cette assurance de payer des rentes à un nombre toujours plus important de rentières·ers depuis sa création en 1948, grâce à la forte croissance des salaires et de la productivité.

Dans le domaine de la prévoyance professionnelle, les rentes des femmes sont très inférieures à celles des hommes (en 2012, une femme recevait en moyenne 1390 frs par mois, contre 2580 frs pour un homme). Au contraire, l’AVS garantit une situation beaucoup plus égalitaire (en 2012 toujours, la rente moyenne était de 1800 frs pour une femme contre 1750 frs pour un homme). Cette situation a été rendue possible grâce aux différents correctifs apportés lors des révisions successives de l’AVS, comme la rente individuelle, le splitting ou, surtout, les bonus éducatifs (qui ouvrent également un droit à une rente AVS).

L’AVS est beaucoup plus sûre et efficace que le 2e pilier

Selon Doris Bianchi, secrétaire centrale de l’USS et spécialiste des dossiers de politique sociale, alors que les cotisations pour l’AVS n’ont pas changé depuis 1975, celles versées pour le 2e pilier sont en moyenne passées à plus de 18 %, ce qui représente plus du double que pour l’AVS. En outre, grâce au système de répartition à travers lequel chaque franc payé est directement dépensé pour financer une rente, l’AVS est beaucoup moins affectée par les fluctuations des marchés financiers.

Certes, l’augmentatiopn des rentes AVS aura un coût. Mais le relèvement des cotisations pour cette assurance se traduira par une augmention des rentes. La situation est exactement inverse dans le domaine de la prévoyance professionnelle depuis quelques années: alors que les cotisations augmentent, les rentes baissent. Ce phénomène va aller en se dégradant ces prochaines années. Il n’y a aucun doute donc que le système de répartition est beaucoup plus efficient que le système par capitalisation, qui finance les 2e et 3e piliers.

Les avoirs du 2e pilier représentent 140% du PIB

Une forte propagande, caractérisée par une campagne de peur, est orchestrée par la droite au Parlement et les assurances privées pour faire passer les plans de démantèlement de l’AVS comme inéluctables.

Selon les chiffres de l’USS, les avoirs sous gestion des caisses de pension et donc placés sur les marchés s’élèvent à 890 milliards de francs, soit 140% du PIB (630 milliards). On comprend donc facilement pourquoi certains milieux dénigrent l’AVS avec laquelle on ne fait que peu d’affaires juteuses. Le pactole est clairement du côté des sommes colossales que gèrent les grandes caisses et qu’elles investissent en bourse.

Ce seul tableau parle pour lui

avs

Pourquoi nos devons gagner l’initiative AVS+

Il s’agit de s’opposer au démontage social prévu par les Chambres autour du paquet du Conseil fédéral «prévoyance 2020». Ce paquet prévoit entre autres une augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes à 65 ans, la suppression de la rente de veuve, la suppression de la compensation automatique du renchérissement, la baisse de la contribution de la Confédération à l’AVS et la baisse du taux de conversion LPP de 6,8% à 6,0%. Dans le grand marchandage que constituera le dossier fondamental de la prévoyance, les capacités de mobilisation du mouvement syndical et de la gauche seront mises à l’épreuve. Une partie importante se joue donc cet automne. Les batailles qui nous restent à mener au Parlement et dans la rue commencent par une victoire le 25 septembre!

Valérie Boillat

Movendo

 

 

Pour aller plus loin:

– Le site de la campagne fourmille de documentations très utiles: «L’ABC de l’AVS», le blog de Doris Bianchi de l’USS, une brochure remarquablement bien faite et illustrée de manière limpide (www.initiative-avs.ch)

– Movendo, l’institut de formation des syndicats, organise par ailleurs, sur mandat de l’USS, deux demi-journées de formation et d’entraînement à l’argumentation sur le sujet, à Neuchâtel le 22 juin et à Lausanne le 24 juin, de 13h30 à 17h00. La formation est gratuite pour les membres des syndicats. Informations et inscription: www.movendo.ch.

webmaster@pagesdegauche.ch

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