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Mattmark, une catastrophe meurtrière et pourtant prévisible

 

Il était 17h15, ce 30 août 1965, lorsqu’un pan entier du glacier de l’Allalin, dans la haute vallée de la Saas, se détacha et s’abattit sur le chantier du barrage de Mattmark, ensevelissant 88 ouvriers dont 56 saisonniers italiens.

Barrage_de_MattmarkCombien de fils et de filles, d’épouses, de mères et de pères pleurent-ils aujourd’hui encore un père, un mari ou un fils ensevelis sous trente mètres de rochers et de glace? Combien sont-ils à n’avoir jamais pu oublier ce jour funeste où l’être qui leur était le plus cher périt écrasé sous deux millions de mètre cubes de glace arrachés au glacier, bien trop pentu pour que des hommes de métier, bien peu soucieux de la sécurité et de la vie de leurs ouvriers, aient ignoré le danger et fait construire des baraquements de travailleurs juste au-dessous du glacier, juste sous la ligne de chute prévisible. Jamais on n’aurait construit un hôtel de luxe dans un tel lieu!

La justice ne reconnut aucune responsabilité de la part des dirigeants et des garants de la sécurité. Quant aux frais de justice, ils furent pour moitié à la charge des familles des victimes! Et pour ajouter à l’injustice faites aux travailleurs venus d’ailleurs, l’année 1965 vit le lancement de la première d’une longue série d’initiative à caractère xénophobe.

L’être humain a trop souvent tendance à oublier les tribulations du passé. La réalité contemporaine montre bien combien les erreurs d’autrefois peuvent se reproduire. Un drame prévisible, telle il y a cinquante ans la catastrophe de Mattmark, ne doit pas être oublié et ne devrait plus se reproduire. Il doit être connu de chacun, tout particulièrement des plus jeunes, nos enfants et nos adolescents, les adultes et les citoyens de demain.

Raymond Durous

Article paru dans Pdg N° 144

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