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Jean-Claude Vautier nous a quittés

A 93 ans, l’ancien député Jean-Claude Vautier, médecin à Orbe, nous a quittés. Ne supportant plus ses douleurs sans nom et sachant sa maladie sans retour, il a choisi lui-même son heure. « Il est mort debout comme il a vécu » a pu dire sa fille Fabienne lors de la cérémonie d’adieu à la grande salle du casino. Jean-Claude était agnostique. Pas question d’aller dans une église. C’est tout de même son meilleur ami, Berthier Perregaux , un pasteur, qui a présidé ce recueillement.

Les divers orateurs, parmi lesquels, Christiane Perregaux et Ernest Badertscher ont rappelé que Jean-Claude était le fils d’une famille libérale, père pasteur et mère médecin. Cette maman n’a jamais pratiqué son art. Elle s’est toute entière consacrée à son rôle de mère et de femme de pasteur. Il était reconnaissant à ses parents de lui avoir appris à se faire une opinion par lui-même et à ne pas croire tout ce qui était dit ou écrit. Son frère Sylvestre, libéral lui aussi, avait dix ans de plus. C’est paradoxalement lui qui lui a fait amorcer son virage à gauche en lui expliquant, alors que toute la famille était sous l’influence de la Gazette de Lausanne, que les généraux Franco et Mola n’étaient que des factieux qui attaquaient un gouvernement et un parlement démocratiquement élus.

Ont été rappelés, ce jeudi 17 septembre, son premier engagement aux côtés de ceux qui se battaient dans les années 50, contre l’armement atomique de l’armée suisse ou ses voyages nombreux qui étaient plus politiques que touristiques à Cuba, Moscou ou au Sahara Occidental. Rappelé sa longue lutte au côté des militants du front Polisario, ses quinze ans au Grand conseil avec ses succès lors de la réforme, hélas avortée, de l’école vaudoise ou de la planification hospitalière.

Pour ma part, je voudrais rappeler ici le rôle important joué par Jean-Claude au tournant des années 60/70 lorsque nous travaillions à la réforme de la ligne politique du PSV. La jeunesse jouait un rôle important par sa liberté de ton et par les propositions qu’elle formulait dans les congrès. Mais, lorsqu’elle recevait l’appui d’un médecin, qui, de plus, était le porte-parole d’une importante section « périphérique », nos idées prenaient plus de poids. En 1971, le CD ne voulait toujours pas faire d’apparentement avec le POP. Comme nouveau secrétaire cantonal, je défendais loyalement cette décision peu avant le congrès d’Epalinges. Or, c’est la section d’Orbe qui  a fait basculer la décision à deux tiers des votants. Pierre Graber n’était plus là. Ainsi, notre candidature aux Etats devenait enfin crédible. Elle rata le succès à 400 voix mais s’imposa 4 ans plus tard. Cette stratégie n’a jamais été remise en cause.

Jean-Claude a également joué un rôle déterminant dans la prise en compte de l’écologie dans le programme du PSV. Cela s’est passé à la grande salle de Morrens où nous avions réuni tous les candidats au Grand Conseil, le CD et les présidents des commissions permanentes en février 1974. C’est à cette occasion qu’il fit ajouter, dans nos objectifs et revendications l’essentiel des propositions que formulait le tout nouveau Groupement pour l’Environnement de Daniel Brélaz.

L’histoire se souvient à peine des Conseillers fédéraux, peu des Conseillers d’Etat mais plus du tout des militants qui, sans grade alors qu’il était tout de même député,  marquent l’histoire et permettent d’avancer jusqu’à des points que nous n’aurions même pas imaginés : la droite vaudoise écartée du Conseil des Etats. Et que ça dure…

Merci Jean-Claude.

Pierre Aguet

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